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Archives de catégorie : Le projet Syméon Seth
BIBLIOGRAPHIE SUR L’ANTIRRHÉTIQUE CONTRE GALIEN DE SYMÉON SETH
– Ch. Daremberg, Notices et extraits des manuscrits médicaux grecs, latins et français des principales bibliothèques de l’Europe, Première partie. Manuscrits grecs d’Angleterre, Paris, 1853, p. 44-47 et 229-233.
– M. Schmid, « Eine Galen-Kontroverse des Simeon Seth », XVIIe Congrès International d’histoire de la médecine (Athènes-Cos, 4-14 septembre 1960), t. 1 Communications, Athènes, 1960, p. 491-495.
– O. Temkin, « Byzantine Medicine : Tradition and Empiricism »,Dumbarton Oaks Papers 16, 1962, p. 95-115, ici p. 108-109
– O. Temkin, Galenism. Rise and Decline of a Medical Philosophy, Ithaca-Londres, 1973, p. 118-119.
– H. Hunger, Die hochsprachliche profane Literatur der Byzantiner, Munich, 1978, vol. II, p. 308-309.
– L. P. Schrenk, « Byzantine evidence for Galen’s On medical experience », Byzantinische Zeitschrift 82, 1989, p. 251-257, ici p. 255.
– P. Bouras-Vallianatos et S. Xenophontos, « Galen’s Reception in Byzantium : Symeon Seth and his Refutation of Galenic Theories and Human Physiology », Greek, Roman and Byzantine Studies 55, 2015, p. 431-469.
– M. Cronier, A. Guardasole, C. Magdelaine et Antoine Pietrobelli, « Galien en procès à Byzance : l’Antirrhétique de Syméon Seth »,Galenos 9, 2015, p. 89-139.
ANTIRRHÉTIQUE CONTRE GALIEN (TRADUCTION)
Cette traduction est le fruit d’un travail en équipe de Marie Cronier, Alessia Guardasole, Caroline Magdelaine et Antoine Pietrobelli.
Syméon Seth d’Antioche, magistros et philosophe, Antirrhétique contre Galien.
1. Avant d’avoir affaire, Galien, aux personnes qui te considèrent comme une divinité, je pensais que même les gens doués d’une intelligence médiocre discernent combien est grand le décalage qui existe entre tes paroles et ta pensée intime dans plusieurs de tes écrits, dans lesquels tu polémiques et recours à des arguments dont tu défends l’emploi à tes adversaires. J’espérais que les circonstances feraient que je ne m’engage pas dans des disputes et des controverses, par crainte qu’il ne m’arrive un jour exactement la même chose qu’à toi : tomber dans la prolixité.
2. Mais puisque j’ai vu que tu jouissais de nos jours d’une grande réputation auprès de beaucoup de gens, que ton nom était presque sur toutes les lèvres, que tu étais considéré comme absolument infaillible et que tu possédais une renommée surhumaine, il m’a fallu m’adresser d’abord à tes sectateurs, dont tu n’aurais pas été content si tu les voyais, pas davantage que moi ; il m’a fallu aussi faire le procès de quelques chapitres de tes écrits et les réfuter par des méthodes apodictiques, auxquelles tu donnerais ton assentiment si tu vivais encore, si, du moins, tu te trouves être ami de la vérité, comme tu t’en vantes toi-même, sans suivre l’attitude et l’opinion de la plupart des hommes. Tu as bien fait de mourir plutôt que de vivre avec de pareilles gens.
3. Et tout d’abord je te parlerai de ce que tu as écrit dans le livre où tu promets d’enseigner « quelles sont les facultés, quel est leur nombre, et quelles sont leurs actions », dont tu disais qu’il est impossible de distinguer le nombre si l’on ne s’est pas préalablement exercé à la dissection, vu qu’elles sont en nombre égal à celui des parties élémentaires. Tu as tenu au sujet de leurs actions des propos que je vais rapporter mot à mot. Et en premier lieu j’élèverai des doutes, Galien, sur ces paroles : « La génération n’est pas une action simple de la nature, mais elle est composée à la fois d’une modification et d’un modelage. En effet, pour qu’il se forme un os, un nerf, une veine, ou chacune des autres parties, la substance qui sert de substrat et à partir de laquelle se forme l’être vivant doit se modifier ; mais pour que cette partie reçoive, comme il le faut, à la fois sa structure, sa position, certaines cavités, ses apophyses, ses symphyses, et toutes les autres spécificités du même genre, il est nécessaire que cette substance, au cours de sa modification, soit modelée d’une telle façon que l’on ne se tromperait certes pas si on l’appelait matière de l’être vivant, comme le bois est celle du navire et la cire celle de l’image. » J’affirme donc qu’en disant cela tu es tombé bien loin de ce qui est vraisemblable : c’est qu’on a la chair de poule en entendant pareille ineptie. Qui ne sait, en effet, qu’à la génération succède immédiatement aussi la modification ? Or tu avances l’idée qu’une chose produit la modification, une autre le modelage, et tu supposes que ce dernier est réalisé par une faculté et la seconde par l’autre ; et c’est sur ce point que tu entres en contradiction avec ta propre opinion : nous savons en effet que le terme de tout mouvement modificateur, c’est la forme à laquelle en arrive ce qui se modifie. Cela Aristote aussi le démontre, dont tu es fier de te compter parmi les disciples.
4. Voudrions-nous te défendre en disant que la forme est toujours le terme du mouvement modificateur, il faudrait que, d’une certaine façon, ce qui se modifie aboutisse à une seule et unique forme ; nous te défendrons alors avec des arguments peu conformes aux méthodes apodictiques. Car il est évident que tout ce qui se modifie se modifie grâce à son propre principe actif ou par une faculté qui lui est naturelle ; ne nous étendons pas davantage. D’autre part il est absurde de dire que tout ce qui se modifie nécessite deux facultés, la première qui le modifie et la seconde qui le modèle. Nous savons, en effet, que le principe moteur est un et qu’il tend vers un but unique, et que la modification est un processus, tandis que le modelage est le but vers lequel tend le principe moteur. Si, d’un autre côté, tu affirmes que c’est sur la structure que porte le propos, même ainsi tu n’éviteras pas l’absurdité. Car tu dis que ce n’est pas pour cela que se produit la génération, même si elle possède un autre principe ou – si tu veux – une autre faculté active.
5. Tu as dit plus loin que « chacune des tuniques de l’estomac, de l’œsophage, des intestins et des artères a sa propre faculté modificatrice, qui génère la partie à partir du sang menstruel provenant de la mère », ce qui vraiment est tout à fait stupide. Comment, en effet, la faculté qui a généré la partie restera-t-elle toujours à son service ? Mais quand tu te moques aussi d’Aristote qui dit que toutes les parties sont générées à partir du sang menstruel et que tu montres, au contraire, qu’elles sont toutes formées uniquement par la semence, tu es alors tout à fait en contradiction avec toi-même.
6. En outre tu critiques Erasistrate, parce qu’il s’est figuré la vessie comme une éponge ou un tampon de laine et non pas comme un corps parfaitement dense et compact, possédant deux tuniques très résistantes, et que tu dis peu après que la tunique extérieure de la vessie, provenant du péritoine, possède la même nature que lui, tandis que la tunique intérieure, qui est propre à la vessie, a plus que le double de l’épaisseur de la première, etc. ; en revanche, dans d’autres passages tu déclares à plusieurs reprises que la vessie n’a qu’une seule tunique. C’est pourquoi il ne m’est pas nécessaire d’invoquer les passages où tu traites ce sujet.
7. Et, au commencement du livre II, tu t’exprimes ainsi : « Nous sommes donc obligés de reconnaître encore dans ce cas aussi, comme déjà bien des fois auparavant, qu’il y a une certaine faculté attractive dans la semence. <Qu’est-ce donc que la semence ?> C’est le principe de l’être vivant, bien évidemment le principe agissant car le principe matériel c’est le sang menstruel. » Comment as-tu donc oublié, Galien, les propos que tu as tenus sur le mélange des deux semences, en arguant que de ce fait quelques enfants ressemblent à leur père et d’autres à leur mère ?
8. Ensuite, plus loin encore, tu écris qu’autour de l’estomac, comme autour d’un chaudron, se trouvent plusieurs foyers embrasés, parmi lesquels tu comptes la rate. Et après cela tu dis : « les mouvements de chaque organe qui se meut se font selon la disposition des fibres » ; puis tu ajoutes : « et pour cette raison, dans chacun des intestins pour chacune des deux tuniques, les fibres sont circulaires. En effet, elles ne font qu’enserrer, sans nullement attirer. L’estomac, en revanche, a d’une part des fibres droites pour attirer, etc. ». Or toi qui n’as de cesse d’affirmer que toute partie a besoin, pour se nourrir, des quatre facultés, tu prives ici les intestins de leur faculté attractive. Comment donc se développeront-ils, s’ils ne se nourrissent pas ?
9. Mais c’est encore toi qui dis ce qui suit : « C’est pourquoi il est plus facile d’avaler que de vomir, vu qu’on avale par l’action des deux tuniques de l’estomac – celle de l’intérieur attire et celle de l’extérieur enserre et pousse –, tandis qu’on vomit par l’action d’une seule des deux tuniques, celle de l’extérieur ». As-tu donc oublié, en exposant cela, que tu avais affirmé que, dans tout processus d’attraction, il y a une faculté d’expulsion ? Mais peut-être te défendras-tu en disant que seul l’œsophage détient la faculté d’attraction par l’une de ses tuniques, tandis que, par l’autre, il détient la faculté d’expulsion, comme tu l’affirmes plus loin : « La nature n’aurait certes pas pris la peine de former l’œsophage de deux tuniques antagonistes, si chacune d’elles ne devait exercer aussi une action différente. »
10. Puis tu ajoutes que l’expulsion s’opère soit à cause d’une qualité mordante, soit à cause d’une distension par trop-plein, et que cela est manifeste quand on éprouve des nausées ou l’envie d’uriner. Crois-tu donc, Galien, que la nausée se produit sous l’effet d’une sensation de la tunique extérieure et non sous l’effet du contenu de l’estomac ?
11. Puis tu affirmes plus loin que les aliments sont distribués de l’estomac vers le foie par des veines et que, par ces mêmes veines, ils peuvent être inversement attirés du foie vers l’estomac. Et si cela est vrai, il s’ensuit que les parties de l’estomac qui sont nourries par le sang reçoivent leur nourriture des parties où il (scil. le sang) subit la coction qui se produit dans le foie, et que tous ceux qui vomissent après la seconde coction vomissent du sang. Et d’ailleurs peu après cela tu dis que la faculté d’expulsion s’exerce par les fibres transversales auxquelles peu avant tu as assigné la faculté de rétention.
12. Mais, puisqu’on croit tout ce que tu dis, dis ce que tu veux ; peut-être, grâce à ces réfutations de tes propos, convertirai-je quelques-uns de tes sectateurs, non pas à la doctrine d’un autre, mon but étant simplement de leur montrer qu’aucun homme n’est infaillible.
Car il n’y a que Dieu qui fasse le bien toujours uniment.
ANTIRRHÉTIQUE CONTRE GALIEN (TEXTE GREC)
Ce texte a été édité par les soins de Marie Cronier, Alessia Guardasole, Caroline Magdelaine et Antoine Pietrobelli (on trouvera l’apparat de ce texte dans Galenos 9 (2015).
Συμεὼν μαγίστρου καὶ φιλοσόφου τοῦ Σὴθ τοῦ Ἀντιοχέως, ἀντιρρητικὸς πρὸς Γαληνόν
1. Πρὶν μὲν ὁμιλῆσαι, Γαληνέ, τοῖς θεῖόν τί σε χρῆμα λογιζομένοις, ὑπελάμβανον ὡς καὶ οἱ μετρίως μετασχόντες λογισμοῦ διακρίνουσιν, ὅσον τὸ διάφορον τοῦ προφορικοῦ σου λόγου καὶ τοῦ ἐνδιαθέτου ἐν πολλοῖς τῶν συγγραμμάτων, σεαυτοῦ ἐναντιουμένου καὶ χρωμένου οἷς χρᾶσθαι ἀποτρέπεις τοὺς ἀντικειμένους σοι. Ἤλπιζον δὲ ὡς ὁ καιρὸς συνεργήσει μοι ὥστε μὴ εἰς ἀντιλογίας καὶ ἔριδας χωρεῖν, τῷ δεδιέναι μή ποτε ταὐτόν τί σοι πάθω, ὁπηνίκα τῇ πολυλογίᾳ ἐχρήσω.
2. Ἐπεὶ δ’ <εἶδόν> σε ἀρτίως παρὰ πολλῶν δοξαζόμενον καὶ ἐπὶ γλώττῃ σχεδὸν πάντων κείμενον καὶ ἄπταιστον πάντῃ λογιζόμενον καὶ ὑπὲρ ἄνθρωπον εὐφημούμενον, ἐδέησέ μοι τοῖς σοῖς προδιαλεχθῆναι ὁπαδοῖς, οὓς εἴπερ ἑώρακας οὐκ ἂν ἐπ’ αὐτοῖς εὐηρέστησας, ὥσπερ οὐδ’ ἐγώ, καὶ παραγαγεῖν κεφάλαιά τινα τῶν σῶν συγγραμμάτων καὶ ἀνατρέψαι ταῦτα μεθόδοις ἀποδεικτικαῖς, αἷς ἄν, εἰ παρῆς, συνωμολόγεις, εἴπερ φιλαλήθης ὑπάρχεις, ὡς σεαυτὸν ἐπαινεῖς, καὶ μὴ ἑπόμενος τῇ τῶν πολλῶν διαθέσει τε καὶ δόξῃ. Καλῶς γὰρ προῃροῦ τὸν θάνατον τοῦ μὴ μετὰ τοιούτων ζῆν.
3. Καὶ πρῶτόν γέ σοι διαλέξομαι περὶ ὧν συνεγράψω ἐν ᾗ ὑπέσχου βίβλῳ διδάξαι, “τίνες εἰσὶν αἱ δυνάμεις καὶ πόσαι καὶ τίνες αὐτῶν αἱ ἐνέργειαι », ὧν ἔφης ἀδύνατον διαγνῶναι τὸν ἀριθμὸν τὸν μήπω τὴν ἀνατομὴν προησκηκότα, ὡς ἰσαρίθμων οὐσῶν τοῖς στοιχειώδεσι μορίοις. Εἶπας δὲ περὶ τῶν ἐνεργειῶν αὐτῶν, ἃ κατὰ μέρος προσθήσω. Καὶ πρῶτον ἐπαπορήσω περὶ ὧν ἔφης, Γαληνέ, ὡς « ἡ γένεσις οὐχἁπλῆ τις ἐνέργεια τῆς φύσεως, ἀλλ’ ἐξ ἀλλοιώσεώς τε καὶ διαπλάσεώς ἐστι σύνθετος. Ἵνα <μὲν> γὰρ ὀστοῦν γένηται καὶ νεῦρον καὶ φλὲψ καὶ τῶν ἄλλων ἕκαστον, ἀλλοιοῦσθαι χρὴ τὴν ὑποβεβλημένην οὐσίαν, ἐξ ἧς γίνεται τὸ ζῷον· ἵνα δὲ καὶ σχῆμα τὸ δέον καὶ θέσιν καὶ κοιλότητάς τινας καὶ ἀποφύσεις καὶ συμφύσεις καὶ τἄλλα τὰ τοιαῦτα κτήσηται, διαπλάττεσθαι χρὴ τὴν ἀλλοιουμένην οὐσίαν, ἣν δὴ καὶ ὕλην τοῦ ζῴου καλῶν ὡς τῆς νεὼς τὰ ξύλα, καὶ τῆς εἰκόνος τὸν κηρὸν οὐκ ἂν ἀμάρτοις ». Λέγω οὖν ὅτι διὰ τούτων τῶν λόγων, πόρρω που τοῦ εἰκότος ἐκπέπτωκας· ὑπὸ γὰρ τῆς τῶν τοιούτων ῥημάτων ψυχρότητος καὶ τὰ ἄρθρα φρίττουσι. Τίς γὰρ οὐκ οἶδεν ὡς τῇ γεννήσει εὐθὺς καὶ ἀλλοίωσις ἕπεται ; Ὅτι δὲ ἄλλο μὲν ποιητικὸν παρεισάγεις τῆς ἀλλοιώσεως, ἕτερον δὲ τῆς διαπλάσεως, καὶ ὡς αὕτη μὲν δι’ἄλλης, ἐκείνη δὲ δι’ ἑτέρας ἐπιτελεῖται δυνάμεως δοξάζεις, τῇ οἰκείᾳ δόξῃ ἀντιπίπτεις. Οἴδαμεν γὰρ ὡς πέρας τῆς ἀλλοιωτικῆς κινήσεώς ἐστι τὸ εἶδος, ἐφ’ ὃ καταντᾷ τὸ ἀλλοιούμενον. Τοῦτο γὰρ καὶ Ἀριστοτέλης ἀποδείκνυσιν, ἐφ’ ᾧ καὶ αὐχεῖς, συγκαταλέγων σεαυτὸν τοῖς θιασώταις αὐτοῦ.
4. Εἰ δὲ βουληθείημεν ὑπεραπολογήσασθαί σου λέγοντες ὡς τὸ εἶδος πέρας ἐστὶν ἀεὶ τῆς ἀλλοιωτικῆς, ἔδει πως τὸ ἀλλοιούμενον ὑπὸ ἓν εἶδος τελεῖν· ἀνοικείως <δὴ> ταῖς ἀποδεικτικαῖς μεθόδοις ἀπολογησόμεθα. Δῆλον γὰρ ὡς πᾶν τὸ ἀλλοιούμενον δι’ ἰδίου ποιητικοῦ ἀλλοιοῦται, ἢ δι’ οἰκείας αὐτῷ δυνάμεως, μὴ πόρρωθεν ἴωμεν. Ἄτοπον δὲ τὸ φάσκειν πᾶν τὸ ἀλλοιούμενον δεῖσθαι δύο δυνάμεων, τῆς μὲν ἀλλοιούσης τοῦτο, τῆς δὲ διαπλαττούσης. Ἴσμεν γὰρ ὡς ἓν τὸ κινοῦν καὶ πρὸς ἕν, καὶ ὡς ἡ ἀλλοίωσις ὁδός τίς ἐστιν, ἡ δὲ διάπλασις τέλος πρὸς ὃ τὸ κινοῦν ἐπείγεται. Εἰ δὲ εἴπῃς περὶ τοῦ σχήματος τὸν λόγον εἰρῆσθαι, οὐδ’ οὕτω τὸ ἄτοπον ἐκφεύξῃ. Οὐ γὰρ διὰ τοῦτο ἔφης τὴν γέννησιν εἶναι, εἰ καὶ ἕτερον ἔχει, ἢ ποιητικὴν εἰ βούλει δύναμιν ἑτέραν.
5. Ἔφης δὲ προϊὼν ὡς « καθ’ ἑκάτερον τῶν χιτώνων τῆς τε γαστρὸς καὶ τοῦ στομάχου καὶ τῶν ἐντέρων καὶ τῶν ἀρτηριῶν, ἰδία ἡ ἀλλοιωτικὴ δύναμις ἡ ἐκ τοῦ παρὰ τῆς μητρὸς ἐπιμηνίου γεννήσασα τὸ μόριον » ὃ δὴ καὶ πάντῃ ἀσύνετον· πῶς γὰρ ἡ δύναμις ἡ τὸ μόριον ἀπογεννήσασα παρέσται τούτῳ ἀεὶ ὑπουργοῦσα; Ἀλλὰ καὶ Ἀριστοτέλει ἐπεγγελάσας λέγοντι τὰ μόρια πάντα ἐκ τοῦ καταμηνίου ἀπογεννᾶσθαι, καὶ ἀποφηνάμενος ταῦτα ἐκ τοῦ σπέρματος μόνου γίνεσθαι, σεαυτῷ πάνυ ἐνταῦθα ἠναντίωσαι.
6. Καὶ κατὰ Ἐρασιστράτου δὲ γράφων, ὡς διανοουμένου περὶ τῆς κύστεως ὥσπερ σπογγιᾶς τινὸς ἢ ἐρίου ἀλλ’ οὐ σώματος ἀκριβῶς πυκνοῦ καὶ στεγανοῦ δύο <χιτῶνας> ἰσχυροτάτους κεκτημένου καὶ μετ’ ὀλίγον « τὸν ἔξωθεν » λέγων « χιτῶνα τῆς κύστεως ἀπὸ τοῦ περιτοναίου πεφυκότα, τὴν αὐτὴν ἐκείνῳ φύσιν ἔχειν, τὸν δὲ ἔνδοθεν τὸν αὐτῆς τῆς κύστεως ἴδιον πλέον ἢ διπλάσιον ἐκείνου τὸ πάχος ὑπάρχειν καὶ τὰ ἑξῆς », ἐν ἄλλοις μονοχίτωνα τὴν κύστιν ἀποφαίνῃ πολλάκις. Διὸ οὐ χρεία μοί ἐστι τοὺς σοὺς παρεισάγειν περὶ τούτου λόγους.
7. Kαὶ μὴν πρὸς τῇ ἀρχῇ τοῦ δευτέρου λόγου οὑτωσὶ λέγεις· « Ἠναγκάσθημεν οὖν πάλιν, κἀνταῦθα καθάπερ ἤδη πολλάκις ἔμπροθεν, ἑλκτικήν τινα δύναμιν ὁμολογῆσαι κατὰ τὸ σπέρμα. <Τί δ’ ἦν τὸ σπέρμα>; Ἡ ἀρχὴ τοῦ ζῴου δηλονότι ἡ δραστική, ἡ γὰρ ὑλικὴ τὸ καταμήνιόν ἐστι ». Καὶ πῶς ἐπελάθου, Γαληνέ, ὧν ἔφης περὶ τῆς μίξεως ἀμφοτέρων τῶν σπερμάτων καὶ ὡς διὰ ταῦτα οἱ μὲν πατρόμοιοι, οἱ δὲ μητρόμοιοι γίνονται;
8. Εἶτα προϊὼν γράφεις ὡς τῇ γαστρὶ « καθαπερεί τινι λέβητι περίκεινται πυρὸς ἑστίαι πολλαί », αἷς συγκατηρίθμησαι τὸν σπλῆνα. Καὶ μετὰ ταῦτα λέγεις ὡς « ἑκάστου τῶν κινουμένων ὀργάνων κατὰ τὰς τῶν ἰνῶν θέσεις αἱ κινήσεις εἰσίν »· εἶτα ἐπάγεις, « καὶ διὰ τοῦτο ἑκάστῳ μὲν τῶν ἐντέρων στρογγύλαι καθ’ ἑκάτερον τῶν χιτώνων αἱ ἶνές εἶσι. Περιστέλλονται γὰρ μόνον, ἕλκουσι δὲ οὐδέν. Ἡ δὲ γαστὴρ τῶν ἰνῶν τὰς μὲν εὐθείας ἔχει χάριν ὁλκῆς καὶ τὰ ἑξῆς ». Σὺ οὖν ἀεὶ φάσκων ὡς « πᾶν τρεφόμενον μόριον δεῖται τῶν τεσσάρων δυνάμεων », ἐνταῦθα τὴν ἑλκτικὴν τῶν ἐντέρων ἀφαιρεῖς. Πῶς οὖν αὔξει μὴ τρεφόμενα ;
9. Ἀλλὰ καὶ ταῦτα σὺ εἶ ὁ λέγων· « Διὰ τοῦτο δὲ καταπίνειν ῥάδιόν ἐστιν ἢ ἐμεῖν, ὅτι καταπίνεται μὲν ἀμφοῖν τῆς γαστρὸς τῶν χιτώνων ἐνεργούντων, τοῦ μὲν ἐντὸς ἕλκοντος, τοῦ δ’ ἐκτὸς περιστελλομένου τε καὶ συνεπωθοῦντος, ἐμεῖται δὲ θατέρου μόνου τοῦ ἔξωθεν ἐνεργοῦντος ». Ἐπελάθου οὖν ταῦτα διεξιὼν ὧν ἀπεφήνω ὡς ἔνεστιν ἐκκριτικὴ δύναμις ἐν παντὶ ἑλκτικῷ. Ἴσως δ’ ἀπολογήσῃ ὡς μόνος ὁ οἰσοφάγος κατὰ μὲν τὸν<ἕτερον> χιτῶνα ἔχει τὴν ἑλκτικὴν, κατὰ δὲ τὸν ἕτερον τὴν ἐκκρικιτήν, καθὼς ἐξῆς λέγεις· « οὐ γὰρ δὴ μάτην γ’ <ἂν> ἡ φύσις ἐκ δυοῖν χιτώνων ἐναντίως ἀλλήλοις ἐχόντων ἀπειργάσατο τὸν οἰσοφάγον, εἰ μὴ καὶ διαφόρως ἑκάτερος αὐτῶν ἐνεργεῖν ἔμελλεν ».
10. Εἶτα ἐπιφέρεις, ὡς ἡ ἔκκρισις γίνεται εἴτε διὰ τὸ τῇ ποιότητι δάκνον ἢ διὰ τὸ τῷ πλήθει διατεῖνον, καὶ ὡς τοῦτο δῆλον ἐν ταῖς ναυτίαις καὶ τοῖς πρὸς τὸ οὐρεῖν ἐρεθίσμασι. Ἆρα οὖν, Γαληνέ, δοξάζεις ὡς ἡ ναυτία γίνεται δι’ αἴσθησιν τοῦ ἔξωθεν χιτῶνος, καὶ οὐ διὰ τὰ ἐμπεριεχόμενα τῇ γαστρί ;
11. Εἶτα ἀποφαίνῃ μετὰ ταῦτα, ὡς δι’ ὧν φλεβῶν εἰς τὸ ἧπαρ ἀνεδόθη ἡ τροφὴ ἐκ τῆς γαστρός, ἐνδέχεται αὖθις εἰς αὐτὴν ἐκ τοῦ ἥπατος ἕλκεσθαι ταύτην. Καὶ εἰ τοῦτο ἀληθὲς, λοιπὸν τὰ μέρη τῆς γαστρὸς τὰ δι’ αἵματος τρεφόμενα δέχεσθαι τὴν θρέψιν, ἀφ’ ὧν μορίων πέττεται ἐν αὐτῷ, καὶ πάντας τοὺς ἐμοῦντας μετὰ τὴν δευτέραν πέψιν αἷμα ἐμεῖν. Καὶ μετ’ οὐ πολὺ δὴ τὴν ἐκκριτικὴν λέγεις διὰ τῶν ἐγκαρσίων ἰνῶν γίνεσθαι, ἃς πρὸ ὀλίγου τῇ καθεκτικῇ ἀφώρισας.
12. Ἀλλ’ ἐπειδὴ πᾶς σου λόγος πιστεύεται, λέγε ὃ βούλει· ἴσως δὲ διὰ τῶν πρὸς τοὺς σοὺς λόγους ἀντιρρήσεων, ἐπιστρέψω τινὰς τῶν σῶν ὁπαδῶν οὐκ ἐπὶ δόξαν ἑτέρου, ἀλλ’ ἵνα τούτοις ὑποδείξω ὡς οὐδεὶς τῶν ἀνθρώπων ἀναμάρτητος.
Μόνος γὰρ ὁ θεὸς ἀεὶ κατὰ τὸν αὐτὸν τροπὸν ἐνεργεῖ τὸ ἀγαθόν.
L’ANTIRRHÉTIQUE CONTRE GALIEN
L’Antirrhétique contre Galien (᾽Αντιρρητικὸς πρὸς Γαληνόν) est transmis par un unique manuscrit d’Oxford du XVe siècle (Oxford, Bodleian Library, Barocci 224, ff. 30v-31v), copié en Crète dans l’atelier de Michel Apostolis entre 1455 et 1470[1].
Dans cet opuscule polémique, Syméon Seth s’est essayé à un exercice de style visant à débusquer les erreurs de la pensée physiologique de Galien, telle qu’elle est exposée dans le traité Sur les facultés naturelles[2]. Au nom de la logique et de la physique aristotéliciennes, Seth attaque l’autorité galénique en montrant que Galien se contredit lui-même et que sa doctrine n’est pas infaillible.
Ce texte n’a pas de précédent dans la littérature médicale grecque et on peine à trouver ses modèles dans la tradition rhétorique byzantine. En revanche, on peut en restituer tout le relief et l’arrière-plan, si on le lit comme une transposition des Doutes sur Galien d’al-Râzî en contexte byzantin. Le jeu de l’autorité d’Aristote contre celle de Galien puise en effet ses racines dans l’histoire du mouvement de traduction gréco-arabe de Bagdad.
Le traducteur le plus célèbre de la période abbasside est sans conteste Hunayn Ibn Ishâq, un médecin nestorien qui dirigea un atelier de traduction spécialisé dans les textes médicaux. Philologue hors-pair, Hunayn a relevé le défit de rassembler les disjecta membradu corpus galénique conservé en grec et de traduire ce vaste ensemble en syriaque ou en arabe pour le mettre à la disposition de ses contemporains. Sa prédilection pour le médecin de Pergame et l’intense activité de son école ont eu pour effet de faire de Galien l’une des premières autorités philosophiques à être massivement diffusée en langue arabe. La pensée de Galien a ainsi servi de soubassement à l’édifice des différentes sciences islamiques[3]. On peut dire que le IXe siècle a consacré le triomphe du galénisme à Bagdad, sur le plan médical, mais aussi philosophique.
En réaction à cette tendance, les philosophes arabes du Xe siècle jouèrent la carte d’Aristote contre Galien[4]. Plus généralement s’est développée, après le mouvement de traduction, une littérature desDoutes (as-Shukûk)[5] qui remettait en cause l’autorité des anciens. Les trois piliers de la science grecque, Galien, Ptolémée et Aristote, furent respectivement attaqués dans les Doutes sur Galien d’al-Râzî (Rhazès), les Doutes sur Ptolémée d’Ibn al-Haytham (Alhazen) et laPhilosophie orientale d’Avicenne.
C’est dans cette veine de libre-pensée arabe que s’inscrit l’Antirrhétique de Syméon Seth[6]. De même que les penseurs islamiques s’en étaient pris à Galien au nom du progrès scientifique et de la supériorité de l’islam sur le paganisme, Seth mène sa démonstration au nom du christianisme : Galien n’a rien d’un dieu, il est, comme tout homme, faillible. En pure logicien, il traque les failles du raisonnement galénique et livre un étonnant pamphlet.
Pour une étude détaillée de ce texte, voir M. Cronier, A. Guardasole, C. Magdelaine et A. Pietrobelli, « Galien en procès à Byzance : l’Antirrhétique de Syméon Seth », Galenos 9, 2015, p. 89-139.
[1] Voir l’étude de Marie Cronier, dans M. Cronier, A. Guardasole, C. Magdelaine et A. Pietrobelli, « Galien en procès à Byzance : l’Antirrhétique de Syméon Seth », Galenos 9, 2015, p. 89-139.
[2] L’édition de référence pour ce texte est toujours celle de G. Helmreich : G. Helmreich, Galeni De naturalibus facultatibus in Claudi Pergameni scripta minora, t. III, Leipzig, 1903, p. 101-257.
Pour une traduction française de ce traité, voir le site de la BIUS
[3] Galien fut bien sûr une autorité médicale et philosophique, mais aussi théologique ; voir A. El Shamsy, « Al-Ghazālī’s Teleology and the Galenic Tradition », dans F. Griffel (éd.), Al-Ghazālī’s Rationalism and Its Influence: Papers on the Occasion of the 900th Anniversary of His Death in 1111, vol. 2, Leyde, à paraître.
[4] Voir S. Fazzo, « Alexandre d’Aphrodise contre Galien : la naissance d’une légende », Philosophie Antique 2, 2002, p. 109-144.
[5] Voir D. Gutas, Greek Thought, Arabic Culture, Londres, 1998, p. 153.
[6] Seth est aussi l’auteur d’un opuscule astronomique qui conteste l’autorité de Ptolémée en s’appuyant sur la science arabe ; voir D. Pingree, « The Indian and Pseudo-Indian passages in Greek and Latin Astronomical and Astrological texts », Viator 7, 1976, p. 141-195 (p. 177 et 192) et P. Magdalino, « The Byzantine Reception of Classical Astrology », dans C. Holmes et J. Waring (éd.), Literacy, Education and Manuscript Transmission in Byzantium and Beyond, Brill, Leyde-Boston-Cologne, 2002, p. 33-57.
BIBLIOGRAPHIE SUR SYMÉON SETH
Éditions imprimées et traductions :
- Conspectus rerum naturalium/Synopsis physicorum et philosophorum dogmatum
- De utilitate corporum celestium
- Syntagma de alimentorum facultatibus
Éd. et tr. lat. : Συμεῶνος μαγίστρου Ἀντιοχείας τοῦ Σηθὶ, σύνταγμα κατὰ στοιχεῖον, περὶ τροφῶν δυνάμεων, chez Michel Isingrin, Bâle, 1538, p. 2-99.
Éd, tr. lat. et com. par Martin Bogdanus : Συμεῶνος μαγίστρου Ἀντιοχείας τοῦ Σηθὶ, σύνταγμα κατὰ στοιχεῖον, περὶ τροφῶν δυνάμεων ; Symeonis Sethi Magistri Antiocheni volumen de alimentorum facultatibus iuxta ordinem literarum digestum, ex duob. Bibliothecae Mentelianae MM.SS. Codd. emendatum, auctum, et Latina versione donatum, cum difficilium Locorum explicatione, chez Mathurin Dupuis, Paris, 1658.
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- Lexique botanique (?)
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QUI EST SYMÉON SETH ?
Syméon Seth (ca 1035- ca 1110)
Il existe très peu d’éléments qui permettent de retracer la biographie de Syméon Seth : une source externe (Anne Comnène,Alexiade, VI, 7, 1), la mention d’une éclipse solaire dans son traité d’astronomie, les dédicaces de ses livres et les souscriptions des manuscrits qui ont transmis ses écrits.
On sait, par ces souscriptions, qu’il était originaire d’Antioche. Cette origine géographique explique le bilinguisme de Seth. Conquise en 637 par les Arabes, Antioche redevint byzantine en 966. Quand Seth y naquit, vraisemblablement entre 1030 et 1040, la cité était une avant-poste d’une ouverture de Byzance à l’Orient, tout comme une importante cité marchande dont le tissu social mêlait différentes cultures et religions.
Les souscriptions des manuscrits nous indiquent encore que Syméon Seth fut un haut fonctionnaire de la cour impériale byzantine, avec les titres honorifiques de magistros et de vestes. Cette carrière à Constantinople nous est confirmée par les dédicaces de ses livres. Il dédie son traité de diététique Sur les facultés des aliments à l’empereur Michel VII Doukas (1071-1078) et sa traduction de Kalîla wa-Dimna à Alexis Ier Comnène (1081-1118). La fille de ce dernier, la princesse byzantine Anne Comnène, présente Seth comme un astrologue qui fit des prédictions véridiques à la cour de son père.
Avant de mener cette carrière à la cour impériale byzantine, Seth a séjourné au Caire en Égypte, sans doute pour parfaire sa formation en médecine, astronomie et philosophie. Dans Sur l’utilité des corps célestes, Seth raconte qu’il a été le témoin d’une éclipse solaire quand il était en Egypte, ce qui correspond à la date de 1058.
Dans un article paru dans la revue Galenos, j’ai défendu l’hypothèse que Seth avait subi l’influence de la pensée d’Ibn Butlân, un médecin et théologien nestorien de langue arabe né à Bagdad, qui, après avoir séjourné en Egypte et à Constantinople, s’est fixé à Antioche après 1055. Seth a dû être le disciple d’Ibn Butlân durant sa jeunesse antiochienne.
Syméon Seth est donc un savant polymathe et bilingue, spécialiste de médecine, de philosophie naturelle et d’astronomie, qui s’est construit une carrière à la cour impériale de Constantinople en tant qu’orientaliste et peut-être drogman. Il a joué un rôle de passeur en introduisant les nouveautés de la pensée arabe dans la culture byzantine.
Liste des ouvrages de Syméon Seth :
- Conspectus rerum naturalium/Synopsis physicorum et philosophorum dogmatum[1]),
- De utilitate corporum celestium[2]
- Syntagma de alimentorum facultatibus[3]
- Stéphanitès kai Ichnélatès, traduction arabo-grecque du recueil de fables Kalîla wa Dimna d’Ibn al-Muqaffa[4].
- Un opuscule d’astrologie sur la « précession des équinoxes »[5]
- Antirrhétique contre Galien
- un lexique botanique[6]
Pour une biographie plus détaillée du personnage, voir M. Cronier, A. Guardasole, C. Magdelaine et A. Pietrobelli, « Galien en procès à Byzance : l’Antirrhétique de Syméon Seth », Galenos 9, 2015, p. 89-139.
[1] Éd. A. Delatte, Anecdota Atheniensia et alia, t. II, Liège-Paris, 1939, p. 17-89.
[2] Éd. A. Delatte, Anecdota Atheniensia et alia, t. II, Liège-Paris, 1939, p. 91-126.
[3] Éd. B. Langkavel, Simeonis Sethi Syntagma de alimentorum facultatibus, Leipzig, 1868.
[4] Éd. L.-O. Sjöberg, Stephanites und Ichnelates. Überlieferungsgeschichte und Text, Uppsala, 1962 (Studia Graeca Upsaliensia 2).
[5] Ce texte a été édité par D. Pingree, « The Indian and Pseudo-Indian Passages in Greek and Latin Astronomical and Astrological Texts », Viator 7, 1976, p. 141-195, ici p. 192. Le texte est conservé dans le Vaticanus gr. 1056 (f. 32), copie du XIVe s. d’une collection datant du XIIe s. À cette courte pièce, le manuscrit attribue pour auteur : τοῦ Σὴθ ἐκείνου (« of the late Seth », « de feu Seth »). Ce traité n’est peut-être qu’un extrait d’un ouvrage plus substantiel.
[6] Éd. A. Delatte, Anecdota Atheniensia et alia, t. II, Liège-Paris, 1939, p. 339-361. Ce lexique botanique alphabétique est transmis par deux manuscrits : le Vindobonensis med. gr. 25 (XVe s.), f. 1r-9v, et l’Athous Iviron 182 (XVIe s.), f. 145r-156v. Le nom de Seth n’apparaît pas dans le manuscrit de l’Athos et il a été ajouté par une seconde main dans le manuscrit viennois.
PRÉSENTATION DU PROJET SYMÉON SETH
Les Byzantins héritaient en droite ligne du savoir des médecins grecs de l’Antiquité grâce aux manuscrits de leurs bibliothèques. Toutefois, après les compilations des encyclopédistes de l’Antiquité tardive (Oribase, Aétius et Paul d’Égine) et les commentaires des néoplatoniciens Alexandrins, c’est-à-dire après le VIIe siècle, il semble qu’ils aient délaissé la théorie médicale et la philosophie naturelle, tout comme certaines disciplines du quadrivium(arithmétique, géométrie et astronomie). Le triomphe de l’orthodoxie installa la théologie au centre de toutes les attentions, reléguant l’étude des sciences à sa portion congrue.
En revanche, dès le VIIIe siècle, Bagdad prend le relai des grandes capitales intellectuelles du monde antique (Athènes, Alexandrie et Rome). Grâce à un ample mouvement de traduction de la science grecque en syriaque et en arabe, le califat abbasside s’est approprié l’héritage des savants païens de l’Antiquité pour le faire fructifier à son tour. Après une phase de traduction massive (VIIIe-IXe s.) des textes médicaux, mathématiques, astronomiques et philosophiques, les penseurs islamiques tels al-Kindî, al-Fârâbî ou al-Râzî, ont produit des écrits qui imitaient, continuaient et parfois contestaient les textes des anciens.
Ce qu’on dénomme la « Renaissance abbasside » constitue un moment où l’érudition et le goût pour les livres atteignent une ampleur inédite dans l’histoire de la Méditerranée. L’emprunt aux Chinois de la technologie de fabrication du papier au VIIIe siècle n’est pas seul en cause. La magnificence des commanditaires qui ont patronné ces traductions a contribué à l’essor de nombreux cercles lettrés à Bagdad et au développement, depuis l’Andalousie jusqu’à la Perse, d’un vaste marché du livre en langue arabe. De cette translatio studii appuyant une translatio imperii découle un autre mouvement culturel moins étudié.
À partir du XIe siècle, Byzance s’ouvre à l’influence arabe et ranime l’étude de la philosophie et de la médecine antiques à la flamme des penseurs islamiques. Les traductions arabo-byzantines témoignent de ce transfert de connaissance dans la pensée byzantine.
Syméon Seth, savant Byzantin du XIe siècle, apparaît comme un personnage central pour étudier cette passation de savoir. Ce haut fonctionnaire de la cour impériale maîtrisait en effet l’arabe et le grec. Il a traduit, pour l’empereur Alexis Ier Comnène, le miroir aux princes Kalîla wa-Dimna, chef d’œuvre de la littérature arabe. Mais il a aussi diffusé dans le milieu intellectuel byzantin les idées et les débats scientifiques qui avaient cours dans le monde arabe, notamment dans les domaines de la médecine et de l’astronomie.
Nous avons d’abord concentré nos efforts sur ce personnage en nous attachant à un petit texte conservé sous son nom et intituléAntirrhétique contre Galien. Ce texte est assez symptomatique du phénomène de traduction ou de transposition de la médecine arabe en contexte byzantin. Syméon Seth introduit pour la première fois à Byzance une critique de Galien qui trouve son modèle dans lesDoutes sur Galien d’al-Râzî.
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