« Les Renouveaux du
monde arabe », Compte rendu du Forum International organisé les 15 et 16
janvier 2015 par Thinkers&Doers à l’Institut du Monde Arabe
Article publié le 29/01/2015
Compte rendu de Mathilde Rouxel
Les 15 et 16
janvier 2015 s’est tenu à l’Institut du Monde Arabe le premier forum
international sur le monde arabe intitulé « Les Renouveaux du Monde
Arabe », organisé par Thinkers&Doers. À partir de six grands thèmes
et plus d’une soixantaine d’intervenants, des spécialistes du monde
arabes et des entrepreneurs du Maghreb au Golfe sont venus débattre des
grands mouvements de nouveauté qui agitent aujourd’hui cette aire
géographique en pleine mutation.
La
question de la jeunesse était véritablement au cœur de ce forum, une
jeunesse de moins de vingt-cinq ans qui compose, comme l’a rappelé le
président de la République François Hollande dans son discours
d’inauguration, plus de 65% de la population arabe aujourd’hui. Il est
ainsi entendu qu’il est, plus que jamais, temps de penser à demain – et
qu’il est important d’y penser ensemble.
La journée du 15 s’est ouverte sur les enjeux portés par l’entrepreneuriat, et amenait à faire se rencontrer porteurs de projets et investisseurs pour réfléchir, ensemble, sur les perspectives d’investissements offertes par le monde arabe. Quels sont les problèmes auxquels se heurtent certaines initiatives individuelles ? Comment pallier aux problématiques managériales auxquelles sont confrontées certaines jeunes PME arabes ? Est posée notamment la question de l’engagement des jeunes et leur confiance dans la gestion d’une entreprise. Comment promouvoir l’esprit d’entrepreneuriat ? Le témoignage de PDG de grandes entreprises aux Émirats Arabe-Unis, au Qatar ou au Bahreïn, mais aussi au Liban, en Égypte ou en Tunisie ont permis de comprendre certains fonctionnements et certains enjeux propres à l’entrepreneuriat dans cette partie du monde, jusqu’à poser la question de l’entrepreneuriat social comme nouveau levier de développement – ce qui nous mène naturellement à la deuxième question posée par ce forum : celle de l’éducation.
De l’avis de plusieurs orateurs, l’excellence éducative reste à promouvoir ainsi que la formation de professeurs d’élite. Ils soulèvent également l’importance du développement de stratégies pédagogiques innovantes. Pour discuter de la réussite d’un projet éducatif durable se sont rencontrés des professeurs honoraires de la Sorbonne de Paris, d’universités qatariennes ou marocaines, les présidents de fondations diverses orientées sur ces questions d’accès à l’éducation ou à l’excellence pour tous en Égypte, dans les Émirats, en Jordanie ou en Tunisie. Il est ressorti de tous ces débats l’importance de l’éducation, ainsi que d’un accès à la culture et aux arts, pour l’ouverture d’esprit d’une jeunesse qui doit sortir des marges des hautes technologies au niveau international. Les solutions apportées à petite ou grande échelle sont prometteurs d’une augmentation progressive d’un intérêt pour l’école, d’une part, pour les études supérieures d’autre part. Le développement du numérique pourrait à ce titre abattre les murs qui divisent socialement les jeunesses arabes.
Le troisième volet concernait l’énergie, qui dans ces pays inégalement riches en ressources, est un enjeu majoritaire à discuter et, face à l’épuisement de ces mêmes ressources, à (re)penser. Il s’agissait en effet de réfléchir, entre exploitants et acheteurs, comment produire l’énergie du futur, en mettant en avant l’ensoleillement important dont bénéficie cette aire géographique, en questionnent l’engagement, sur le plan écologique, des pays notamment non producteurs et en interrogeant les moyens disponibles pour mettre en œuvre une transition énergétique, au même titre qu’une diversification de leur économie. Hommes politiques, économistes, PDG de grandes entreprises expertes en énergie ont réfléchi ensemble au monde arabe énergétique de demain.
Autre thème du Forum : la « voix des femmes ». Mises en avant en raison de leur engagement politique dans ce qu’on a appelé les « Révolutions arabes », particulièrement en Égypte et en Tunisie, mais aussi très présentes au Bahreïn ou en Syrie, il s’agit aujourd’hui de questionner l’importance des femmes sur le tableau politique actuel. Les oratrices analysent, qu’entre renouveau – dans le cas des récents changements de régimes – et modernité – dans le cas plus spécifique des pays du Golfe, où elles rappellent que le statut des femmes, éduquées mais dépourvues de droit, reste particulièrement ambigu, la voix des femmes se fait entendre pour parler d’égalité et, souvent, de démocratie. Présidentes d’association féministes au Maghreb ou au Moyen-Orient, auteures ou artistes, PDG d’industries influentes, elles obtiennent de plus en plus de postes à haute responsabilité, particulièrement dans les domaines de la culture ou de l’éducation. L’engagement des femmes dans l’aide humanitaire dans des conflits comme celui que vit la Syrie, la nouvelle constitution tunisienne qui, pour la première fois, promulgue l’égalité entre homme et femme, l’activisme féministe en Arabie saoudite et dans les autres pays du Golfe ont été interrogé pour offrir, en conclusion, beaucoup d’espoir pour une amélioration du statut des femmes dans les décennies à venir.
Alors qu’en France, les débats sur le Louvre d’Abou Dhabi font toujours couler beaucoup d’encre, comme l’analyse un des intervenants, la question du point de vue des intéressés se pose différemment et soulève de nombreux enjeux culturels. Le Golfe, depuis quelques décennies, ouvre ses pays à la culture, tant arabe qu’occidentale, afin, par le biais de festivals ou de grandes foires, de promouvoir l’art et la culture produite par le monde arabe. La mise en place de nouveaux outils répondent aux besoins d’une jeunesse avide de création et de structures de diffusion. La culture est saisie par les pays arabes comme un levier de cohésion sociale, qu’il s’agirait de développer à des fins de tolérance et de visibilité sur la scène internationale. Le forum s’est, sur cette question, principalement centré sur les avancées de l’Est du monde arabe, dans la perspective de mettre en lumière les renouveaux dont on peut aujourd’hui témoigner.
Le dernier thème abordé par ce forum fut celle des villes arabes. Entre construction ex-nihilo et adaptation des médinas historiques aux besoins de la modernité, les questions se posent différemment d’un côté à l’autre du monde arabe, tout en ayant à faire face au même processus problématique d’urbanisation massive de la population, et d’une actuelle forte croissance démographique. La question du tourisme est aussi posée : la puissance d’une région s’affirme de plus en plus par la hauteur impressionnante des immeubles qu’elle propose, et son attractivité dépend ainsi de sa gestion des villes. Pour questionner ces questions d’innovations, et trouver des solutions à ces défis lancés par la modernité, se sont rencontrés des architectes, des politiques, des représentants d’association pour la préservation du patrimoine, ainsi que des activistes venus soulever la question fondamentale de l’environnement, qui se pose nécessairement lorsqu’il est question de tels travaux.
La journée du 15 s’est ouverte sur les enjeux portés par l’entrepreneuriat, et amenait à faire se rencontrer porteurs de projets et investisseurs pour réfléchir, ensemble, sur les perspectives d’investissements offertes par le monde arabe. Quels sont les problèmes auxquels se heurtent certaines initiatives individuelles ? Comment pallier aux problématiques managériales auxquelles sont confrontées certaines jeunes PME arabes ? Est posée notamment la question de l’engagement des jeunes et leur confiance dans la gestion d’une entreprise. Comment promouvoir l’esprit d’entrepreneuriat ? Le témoignage de PDG de grandes entreprises aux Émirats Arabe-Unis, au Qatar ou au Bahreïn, mais aussi au Liban, en Égypte ou en Tunisie ont permis de comprendre certains fonctionnements et certains enjeux propres à l’entrepreneuriat dans cette partie du monde, jusqu’à poser la question de l’entrepreneuriat social comme nouveau levier de développement – ce qui nous mène naturellement à la deuxième question posée par ce forum : celle de l’éducation.
De l’avis de plusieurs orateurs, l’excellence éducative reste à promouvoir ainsi que la formation de professeurs d’élite. Ils soulèvent également l’importance du développement de stratégies pédagogiques innovantes. Pour discuter de la réussite d’un projet éducatif durable se sont rencontrés des professeurs honoraires de la Sorbonne de Paris, d’universités qatariennes ou marocaines, les présidents de fondations diverses orientées sur ces questions d’accès à l’éducation ou à l’excellence pour tous en Égypte, dans les Émirats, en Jordanie ou en Tunisie. Il est ressorti de tous ces débats l’importance de l’éducation, ainsi que d’un accès à la culture et aux arts, pour l’ouverture d’esprit d’une jeunesse qui doit sortir des marges des hautes technologies au niveau international. Les solutions apportées à petite ou grande échelle sont prometteurs d’une augmentation progressive d’un intérêt pour l’école, d’une part, pour les études supérieures d’autre part. Le développement du numérique pourrait à ce titre abattre les murs qui divisent socialement les jeunesses arabes.
Le troisième volet concernait l’énergie, qui dans ces pays inégalement riches en ressources, est un enjeu majoritaire à discuter et, face à l’épuisement de ces mêmes ressources, à (re)penser. Il s’agissait en effet de réfléchir, entre exploitants et acheteurs, comment produire l’énergie du futur, en mettant en avant l’ensoleillement important dont bénéficie cette aire géographique, en questionnent l’engagement, sur le plan écologique, des pays notamment non producteurs et en interrogeant les moyens disponibles pour mettre en œuvre une transition énergétique, au même titre qu’une diversification de leur économie. Hommes politiques, économistes, PDG de grandes entreprises expertes en énergie ont réfléchi ensemble au monde arabe énergétique de demain.
Autre thème du Forum : la « voix des femmes ». Mises en avant en raison de leur engagement politique dans ce qu’on a appelé les « Révolutions arabes », particulièrement en Égypte et en Tunisie, mais aussi très présentes au Bahreïn ou en Syrie, il s’agit aujourd’hui de questionner l’importance des femmes sur le tableau politique actuel. Les oratrices analysent, qu’entre renouveau – dans le cas des récents changements de régimes – et modernité – dans le cas plus spécifique des pays du Golfe, où elles rappellent que le statut des femmes, éduquées mais dépourvues de droit, reste particulièrement ambigu, la voix des femmes se fait entendre pour parler d’égalité et, souvent, de démocratie. Présidentes d’association féministes au Maghreb ou au Moyen-Orient, auteures ou artistes, PDG d’industries influentes, elles obtiennent de plus en plus de postes à haute responsabilité, particulièrement dans les domaines de la culture ou de l’éducation. L’engagement des femmes dans l’aide humanitaire dans des conflits comme celui que vit la Syrie, la nouvelle constitution tunisienne qui, pour la première fois, promulgue l’égalité entre homme et femme, l’activisme féministe en Arabie saoudite et dans les autres pays du Golfe ont été interrogé pour offrir, en conclusion, beaucoup d’espoir pour une amélioration du statut des femmes dans les décennies à venir.
Alors qu’en France, les débats sur le Louvre d’Abou Dhabi font toujours couler beaucoup d’encre, comme l’analyse un des intervenants, la question du point de vue des intéressés se pose différemment et soulève de nombreux enjeux culturels. Le Golfe, depuis quelques décennies, ouvre ses pays à la culture, tant arabe qu’occidentale, afin, par le biais de festivals ou de grandes foires, de promouvoir l’art et la culture produite par le monde arabe. La mise en place de nouveaux outils répondent aux besoins d’une jeunesse avide de création et de structures de diffusion. La culture est saisie par les pays arabes comme un levier de cohésion sociale, qu’il s’agirait de développer à des fins de tolérance et de visibilité sur la scène internationale. Le forum s’est, sur cette question, principalement centré sur les avancées de l’Est du monde arabe, dans la perspective de mettre en lumière les renouveaux dont on peut aujourd’hui témoigner.
Le dernier thème abordé par ce forum fut celle des villes arabes. Entre construction ex-nihilo et adaptation des médinas historiques aux besoins de la modernité, les questions se posent différemment d’un côté à l’autre du monde arabe, tout en ayant à faire face au même processus problématique d’urbanisation massive de la population, et d’une actuelle forte croissance démographique. La question du tourisme est aussi posée : la puissance d’une région s’affirme de plus en plus par la hauteur impressionnante des immeubles qu’elle propose, et son attractivité dépend ainsi de sa gestion des villes. Pour questionner ces questions d’innovations, et trouver des solutions à ces défis lancés par la modernité, se sont rencontrés des architectes, des politiques, des représentants d’association pour la préservation du patrimoine, ainsi que des activistes venus soulever la question fondamentale de l’environnement, qui se pose nécessairement lorsqu’il est question de tels travaux.