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Entretien avec Jean-Charles Ducène - Les voyageurs arabes médiévaux : chroniques et récits Abū Rayḥān al-Bīrūnī, le mathématicien universel
Par Florence Somer, Jean-Charles Ducène
Publié le 04/12/2020 • modifié le 06/12/2020 • Durée de lecture : 10 minutes
Schéma des
keshwars provenant du manuscrit sans doute autographe du Nihāyat taḥdīd
al-amākīn (Istanbul, Fatih 3386).
La série d’articles sur le
récit de la vie et des voyages des voyageurs arabes vise à donner une image de
l’Orient médiéval narrée par ses auteurs qui ont arpenté les villes et les
endroits reculés de leur temps. A travers leurs lignes, la topographie et les
particularités des lieux autant que les coutumes et les usages de leurs
habitants prendront corps dans nos esprits et nous permettront de nous figurer
le mode de vie et les préoccupations qui furent celles des milieux divers que
nos voyageurs ont côtoyé et décrit, du faste de la cour aux intérêts des
lettrés en passant par l’état du développement des sciences et les préoccupations
des milieux ruraux et citadins. Entre littérature historique, récits
légendaires et témoignages pragmatiques détaillés, la traduction des récits de
ceux qu’on nommerait approximativement aujourd’hui « géographes »
promet de nous transporter dans le temps, à une dizaine de siècles de distance,
dans un ailleurs dont les écrits ont préservé la mémoire. Cet article est
consacré à un lettré voyageur d’exception : Abū Rayḥān al-Bīrūnī
(973-1048). Au service des dirigeants sāmānides et ghaznavides, l’astronome,
astrologue, mathématicien, écrivain chroniqueur, voyageur, indianiste, géologue
et géographe, auteur d’un ouvrage de pharmacopée à la fin de sa vie, a témoigné
des sciences de son temps et nous a légué un matériel historique inouï.
Directeur
d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes où son enseignement et ses
recherches portent sur la géographie et les sciences naturelles arabes
médiévales, Jean-Charles Ducène nous relate le parcours et de la production
scientifique de ce savant à l’esprit universel.
Al-Bīrūnī est connu comme un important
astronome et mathématicien de l’Orient médiéval, mais a-t-on des détails sur sa
vie ?
Votre
question met bien l’accent sur le statut social « précaire » des
savants en islam médiéval, souvent liés par nécessité à un mécène dont ils
suivent les aléas de la destinée. Le savant reste un client dans la dépendance
d’un patron. Car, paradoxalement par rapport à un point de vue moderne, alors
qu’al-Bīrūnī fut un savant à l’esprit supérieur, il n’eut quasi jamais de liberté
d’action étant lié à une cour, et fut durant un tiers de son existence en exil.
Abū Rayḥān
al-Bīrūnī voit le jour en 973, au sud de la mer d’Aral, à Kath, capitale du
royaume du Ḫwārizm, située sur l’Amu Darya mais qui a disparu à cause des crues
dévastatrices du fleuve. Le site serait à 30 km au sud-ouest d’Urgench, en
Ouzbekistan. Il entre très tôt au service du souverain du lieu, le Ḫwārizm-Šāh,
sans doute comme astrologue. Mais en 995, à cause de troubles il se réfugie à
Rayy, près de l’actuel Téhéran (le lieu de naissance du calife Hārūn ar-Rašīd
et celui, présumé par la tradition zoroastrienne, de
Zoroastre) où il rencontre l’astronome Khojandi. Dans la dernière décennie du
Xe siècle, il entre en correspondance avec Avicenne (980-1037),
son cadet de 7 ans, et échange des lettres avec le mathématicien de Bagdad Abū
l-Wafā’ al-Būzaǧānī (940-998) à propos de l’observation d’une éclipse. En 998,
il se met au service de Šams al-Ma‘ālī Qābūs b. Vošungīr de Gurgān, au sud de
la mer Caspienne, à qui il dédie ses Al-āṯār al-bāqiya ‘an al-qurūn
al-ḫāliya (« Les vestiges subsistants des siècles passés »)
vers 1000.
Il retourne
ensuite auprès du Ḫwārizm-Šāh Abū l-‘Abbās Ma’mūn ibn Ma’mūn à Gurganj –
aujourd’hui Kunya Urgench, où il est son conseiller jusqu’au renversement de
celui-ci en 1016, ce qui provoque l’intervention opportuniste de son beau-frère
Maḥmūd de Ghazna (971-1030), futur conquérant de l’Inde. Celui-ci convie
al-Bīrūnī de force – il était prisonnier – , avec d’autres savants, à rejoindre
vers 1020 sa cour à Ghazna. Commencé en 1018, son traité de géographie
mathématique, la Kitāb taḥdīd al-amākin (« Le Livre de la
détermination des lieux ») est finalement terminé en 1025, pour Maḥmūd de
Ghazna, dont il fut également l’astrologue et le conseiller. Pour le
récompenser, Maḥmūd lui aurait envoyé une charge d’éléphant en pièces d’argent
qu’al-Bīrūnī refuse pour une pension à vie.
C’est aussi ce Maḥmūd à qui Firdawsī dédicaça son Šāhnāma. Il faut
garder à l’esprit que malgré la nature militaire du régime, sous Maḥmūd et
Mas’ūd la cour était aussi un centre de culture où le pouvoir pratiquait le
mécénat envers les poètes.
Ainsi sous
les sultans ghaznévides Maḥmūd (m. en avril 1030), Mas‘ūd (r. 1030-1040) et
Mawdūd (r. 1041-1049), al-Bīrūnī compose le reste de son oeuvre. Sous le
premier, si célèbre pour ses expéditions en Inde, il écrit sont Taḥqīq
mā li-l-Hind, fini en 1032. Il s’agit du premier ouvrage arabe entièrement
consacré à l’Inde. Au tout début du règne de Mas‘ūd, en 1030, il compose une
somme astronomique, dédiée au sultan, c’est le Qānun al-Mas‘ūdī (« Le
Canon mas‘ūdien »). La même année, en tant qu’astrologue patenté, il dicte
en arabe une introduction à l’astrologie, le Kitāb al-tafhīm li-awā’il
ṣinā‘at al-tanǧīm (« Le livre de la compréhension des principes
de l’astrologie »), qui est directement traduite en persan. Ce manuel
enseigne d’abord les prolégomènes géométriques et astronomiques nécessaires à
cet art. Ceci dit, à plusieurs endroits de ses écrits, al-Bīrūnī montre de la
défiance vis-à-vis de cette pratique. Une dizaine d’années plus tard, vers
1040, il laisse un ouvrage de minéralogie dans lequel il décrit notamment une
balance originale pour déterminer le poids spécifique des pierres et vers 1048,
à quatre-vingts ans lunaires passés – soixante-dix-huit ans solaires –, il
rédige un ouvrage de pharmacopée avec l’aide d’un assistant, Nahaša’ī, lui-même
responsable de l’hôpital de Ghazna. Al-Bīrūnī était alors devenu quasiment
aveugle et le manuscrit autographe, conservé à Boursa en Turquie, porte des
gloses de sa main illisibles. Il s’agit du catalogue de 200 susbtances simples,
qui sera d’ailleurs adapté en persan par un médecin du Fergana, Abū Bakr
al-Kāsānī (début du XIIIe siècle), qui fera également une traduction en persan
de son livre sur l’Inde pour le premier sultan de Dehli, Šams al-Dīn Iletmiš
(r. 1212-1236). Le maître meurt à Ghazna le 11 décembre 1048. Nous pourrions
aisément étendre la liste de ses œuvres, par exemple, Yāqūt, a conservé
un poème autobiographique qui serait de sa plume.
Pourquoi l’œuvre de ce savant sort-elle du lot
de la production médiévale ?
Al-Bīrūnī
fut particulièrement prolifique, 183 titres lui sont attribués, mais seuls 32
ont été conservés. Lui-même, de son vivant, entreprit de faire la liste de ses
œuvres déjà écrites, mais l’importance de cette production était telle qu’un
médecin originaire de Tabrīz, Ġanḍafar al-Tabrīzī en dresse le catalogue en
1279-80, il fit d’ailleurs pour son propre usage une copie de l’ouvrage de
pharmacopée d’al-Bīrūnī.
Cependant,
si beaucoup de savants musulmans furent des polymathes, al-Bīrūnī tranche par
la maîtrise de sujets très techniques et mathématiques, qu’il ne se contente
pas de maîtriser par une acribie de l’information mais aussi de développer de
manière originale, on pourrait parler d’un esprit universel. Il était pour
ainsi dire dans une recherche continuelle, sans abandonner un domaine au profit
d’un autre, mais en les accumulant.
Ainsi,
ses al-Āṯār al-bāqiya traitent de calendriers de tous les
peuples (Persans, Sogdiens, Juifs, Grecs, …) qui lui étaient connus, mais aussi
des fêtes qui les ponctuaient, des calculs calendaires pour les faire
coordonner, etc. Cette maîtrise des méthodes mathématique et trigonométrique,
qu’elles aient été appliquées à l’astronomie ou élaborées de manière autonomes,
en font un savant mathématicien au premier sens du terme plus qu’un érudit du
Moyen Âge. S’il fallait lui trouver un domaine de prédilection, nous dirions
l’astronomie tant théorique que pratique puisqu’il réalisa au moins
l’observation de quatre éclipses et mesura par trois fois l’obliquité de
l’écliptique, mais il n’eut jamais à sa disposition un observatoire attitré
quoiqu’il installa parfois des instruments d’observation.
En outre,
sortant de son domaine strict, et possédant plusieurs les langues – outre sa
langue maternelle un dialecte iranien du nord, il connaissait l’arabe et le
persan – quoique son style arabe soit souvent obscur, il s’intéressa
directement à la culture indienne et apprit des rudiments de sanscrit. Cette
ouverture d’esprit et sans doute aussi son « positionnement »
géographique dans l’orient du monde islamique l’ont rendu sensible à l’héritage
scientifique iranien et indien, et non uniquement hellénistique, comme le
montre la division du monde selon les keshwars [1] iranien
(voir illustration).
Cependant,
s’il fait foi sur des sources écrites et sur des informations orales, il se
garde de rejeter une information à cause de sa source, mais elle doit être
passée au crible de la critique. Il se méfie des histoires invraisemblables et,
pour lui, une hypothèse plausible n’est pas gage de vérité. Sans parler
d’esprit cartésien – quoiqu’il fasse l’éloge de la méthode géométrique –, il
reste très rationnel dans sa réflexion, ce qui l’amène d’ailleurs à proférer
des opinions ambigües sur l’astrologie. S’il la pratiqua, elle reste
contestable à ses yeux et il ne cesse de mettre en garde contre les faiseurs
d’horoscopes.
Son
influence fut patente et assumée par des auteurs ultérieurs comme Yāqūt (m.
1229), Bar Hébraeus (1226-1286), Nāṣir al-Dīn Ṭūṣī (1201-1274), Rašid al-Dīn
(1247-1318), Abū l-Fidā’ (1273-1331) et Ulugh Beg (1394-1449), essentiellement
orientaux donc, car il est inconnu dans l’Occident musulman. En Europe, il faut
attendre les travaux de l’arabisant berlinois Edward Sachau (1845-1930) pour
que son œuvre soit redécouverte.
La géographie semble avoir été un élément
secondaire chez ce savant, est-ce exact ?
Comme il
s’investit en géographie mathématique, son approche nous semble au premier
abord plus difficile mais il y intègre du matériau venant de la géographie
humaine. Son œuvre fondamentale est le Kitāb taḥdīd al-amākin li-taṣḥīḥ
masāfat al-masākin (« Livre de la détermination des lieux pour la
correction des distances entre les endroits habités »), qu’il a terminé à
Ghazna, le 28 octobre 1025, et dont le manuscrit sans doute autographe est
conservé à Istanbul. Son propos principal est de donner des précisions sur les
méthodes à employer pour trouver les coordonnées mathématiques d’un endroit. Il
aborde finalement bien plus de domaines comme l’obliquité de l’écliptique, les
éclipses lunaires ou les différences de longitudes, problèmes pour lequel il
est le premier à réaliser une triangulation afin de déterminer la longitude de
Ghazna, partant de celles de Širaz, Bagdad, Rayy, Jurjānniyya au Ḫwārizm et des
distances qui les séparent. Il y explique aussi avoir tenté de mesurer le rayon
de la terre en utilisant le sommet d’une chaîne montagneuse au nord du Penjab
occidental, en 1018, sans doute quand il y était prisonnier.
Une approche
« visuelle » de la représentation du monde ne lui échappe pas, dans
l’introduction de cet ouvrage al-Bīrūnī explique avoir réuni des informations
en utilisant les méthodes de Ptolémée et des auteurs d’ouvrages géographiques
arabes. Il réalisa alors une sphère de dix pieds de diamètre afin de placer ces
lieux selon leur coordonnées, dérivées des distances. Mais l’invasion de
Ḫwārizm par Maḥmūd de Ghazna interrompit à jamais son travail.
Par ailleurs, la table des coordonnées géographiques qu’il compose dans
le Canon, avec ses 604 localités situées, est une des plus amples
du Moyen Âge islamique.
En outre,
les informations qu’il compile lors de ses lectures et ses réflexions l’amènent
à repenser un élément de la vision de l’oekumène de son époque, à savoir la
circumnavigation autour de l’Afrique, autrement dit, la possibilité de
contourner l’Afrique par le sud, mettant en contact l’océan Indien et l’océan
Atlantique actuels. Dans le Livre de la détermination des lieux, il
décrit l’océan Indien comme une masse d’eau méridionale par rapport à
l’oekumène, s’étendant le long de la Chine, de l’Inde, de l’Iran et de
l’Afrique. La découverte de débris de bateaux cousus, comme ceux que l’on
rencontre dans l’océan Indien, près du détroit de Gibraltar, lui fait penser à
une communication entre les deux mers par delà l’Afrique. Il considère la
jonction entre l’océan Indien et l’océan Atlantique comme probable dans
l’hémisphère sud et il s’appuie sur une différence supposée de niveau entre les
deux mers. Dans le Canon (éc.1030), il suppose le contact
entre les deux mers au sud de l’Afrique, au-delà des sources du Nil. Enfin,
dans son manuel d’astronomie, il dessine une nouvelle carte des mers où
l’Afrique est fortement réduite pour permettre le contact entre l’océan Indien
et l’océan Enveloppant - dont une partie constitue notre océan Atlantique. Une
nouvelle carte imaginaire des mers en est issue sur laquelle l’océan Indien est
illimité au sud, cette carte des mers viendra par la suite concurrencer la
représentation traditionnelle. Par ailleurs, il est le premier savant musulman
à évoquer l’histoire à long terme de la terre par l’érosion, les déplacements
de cours de fleuves et les changements que cela entraîne pour l’habitat de
l’homme ou sa situation écologique.
La
géographie humaine descriptive affleure çà et là dans sa production, évidemment
dans son livre sur l’Inde mais aussi incidemment ailleurs comme lorsqu’il
relate l’arrivée à Ghazna en 1024 d’une ambassade de Turcs de la Volga qui lui
donnèrent des renseignements sur le nord de l’Europe et la mer Baltique. On
glane aussi des notations éparses de géographie humaine dans ses ouvrages de
minéralogie et de pharmacopée à propos de l’ivoire de morse provenant du nord
de la Chine, du cristal de roche pillé dans les temples indiens, de l’origine
du mastique de Chypre ou de telle pratique populaire associée à telle plante.
Al-Bīrūnī est souvent présenté comme le premier
des indianistes, en ce sens où il aurait été l’un des premiers savants
musulmans à s’intéresser l’Inde. Qu’en est-il ?
Votre
question met l’accent sur les spécificités de son esprit d’investigation. En
effet, dans la littérature arabe antérieure, on trouve bien des allusions au
bouddhisme ou à l’hindouisme et aux pratiques de dévotion
« singulière » des yogis. Par ailleurs, au Xe siècle, des savants
musulmans tentent de faire la synthèse des informations circulant à propos des
doctrines religieuses indiennes – dont la métempsycose est considérée avec
curiosité et dédain –, des castes, des mœurs, mais ces descriptions ressortent
plus à une énumération d’étrangetés exotiques, sans souci de compréhension
systémique.
Al-Bīrūnī,
dans son livre Sur l’Inde, décale la perspective. Il ne s’agit pas
à proprement parler d’une description géographique de l’Inde, mais de
l’exposition des doctrines philosophiques, religieuses, rituelles, sociales,
juridiques et scientifiques des Indiens. Déjà à Ghazna, avant de partir en
Inde, embarqué dans les troupes de Maḥmūd de Ghazna, il rencontre des pandits
indiens. C’est bien dans le cadre des expéditions militaires ghaznavides –
quoiqu’il dénonce les ruines causées par les armées du sultan – qu’il parcourt
et réside au nord de l’Inde de 1027 à 1032, plus particulièrement dans la
vallée moyenne de l’Indus, dont il visite une douzaine de villes. Il s’engage
aussi à enseigner les sciences grecques en échange de cours de sanscrit, nous dirions
de culture indienne, tout cela oralement ; c’est dire que sa connaissance
reste rudimentaire de son propre aveu. Il transpose ainsi de longs passages de
la Bhagavadgîtâ et des Purana qu’on lui a racontés. Et il est le premier à
mentionner la présence de Zoroastriens installés en Inde. Al-Bīrūnī se montre à
la fois anthropologue et comparatiste quand il compare les doctrines indiennes
avec leur équivalent grecque, iranien ou arabe, mettant surtout en perspective
les structures conceptuelles grecques et indiennes, sans vouloir entrer dans la
polémique. Son ouverture d’esprit est révélée aussi par la traduction en arabe
qu’il a laissée des Yoga Sutras qui traitent de la théorie et de la pratique du
Yoga.
Lire
également :
Entretien avec
Jean-Charles Ducène - Les voyageurs arabes médiévaux : chroniques et
récits. Yāqūt al-Rūmī, le lexicographe itinérant
Quelques
liens :
Abū Rayḥān al-Bīrūnī, The Yoga
Sutras of Patañjali, New York, 2020.
Al-Bīrūnī,
The chronology of ancient nations, Londres, 1879, Frakfurt am Main, 1984.
— , The determination of the coordinates of positions for the correction
of distances between cities, Beirouth, 1967.
Bîrûnî, le Livre de
l’Inde, Paris, Actes sud, 1999.
Kozah, Mario, The
Birth of Indology as an Islamic Science. Al-Bīrūnī’s Treatise on Yoga
Psychology, Leide, 2016.
Malagaris, George,
Biruni, Oxford, 2020.
Ramsay Wright,
R. The Book of Instruction in the Elements of the Art of Astrology by
al-Biruni, Londres, 1934
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