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LES « NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE » ET LE (GRAND)
MOYEN-ORIENT : ENJEUX ET OBJECTIFS
ARTICLE PUBLIÉ LE 13/11/2018
ARTICLE PUBLIÉ LE 13/11/2018
Par Christian Vicenty
Christian Vicenty est
chargé de mission Chine, Russie, Ukraine, Nouvelles Routes économiques de la
Soie à la Mission stratégique et études économiques de la Direction générale
des Entreprises (D.G.E.) / Ministère de l’Economie et des Finances.
Il a auparavant bénéficié d’expatriations à vocation professionnelle (diplomatique) en ex-URSS (1985-1988), en Corée du Sud (1988-1990), au Kazakhstan (1994-1998), en Arabie Saoudite (1998-2000), plus divers séjours ou missions de plus courte durée en Turquie, au Japon, en Asie centrale, en Europe de l’Est et du Nord …
Il a auparavant bénéficié d’expatriations à vocation professionnelle (diplomatique) en ex-URSS (1985-1988), en Corée du Sud (1988-1990), au Kazakhstan (1994-1998), en Arabie Saoudite (1998-2000), plus divers séjours ou missions de plus courte durée en Turquie, au Japon, en Asie centrale, en Europe de l’Est et du Nord …
Le présent article reprend le périmètre
d’activité des Clés du Moyen-Orient (1) qui correspond au
moins au Croissant fertile (Iran, Israël, Palestine, Jordanie, Irak, Syrie,
Turquie, Liban), à la péninsule arabique (Arabie saoudite, Yémen, Oman, Emirats
arabes unis, Qatar, Bahreïn, Koweït) et à la vallée du Nil (Egypte). On peut y
inclure le Pakistan et l’Afghanistan (héritage de la définition héritée de
l’Empire britannique), les Etats du Maghreb (Mauritanie, Maroc, Algérie,
Tunisie, Libye), le Soudan, Djibouti, la Somalie, comme a pu montrer le concept
initialement américain de « Grand Moyen-Orient » en sachant
que la Chine le reprend de près ou de loin à son compte et à sa manière à
travers les investissements massifs qu’elle opère au titre de son projet
« Belt and Road Initiative ». Là est le trait d’union entre ce
concept idéologique galvaudé et l’argument économique et géopolitique qu’en
tire habilement la Chine à travers son projet quasi-planétaire sur trente-cinq
ans (2013-2049).
Abstract :
This article presents the scope of activities of the Keys of the Middle East Review which corresponds at least to the Fertile Crescent (Iran, Israel, Palestine, Jordan, Iraq, Syria, Turkey, Lebanon), to the Arabian Peninsula (Saudi Arabia, Yemen, Oman, United Arab Emirates, Qatar, Bahrain, Kuwait) and the Nile Valley (Egypt). One can include Pakistan and Afghanistan (legacy of inherited definition of the British Empire), Maghreb States (Mauritania, Morocco, Algeria, Tunisia, Libya), Sudan, Djibouti, Somalia, as well as wanted to show the original American concept of "Greater Middle East", knowing that China takes it back, on its own and in its way through the massive investments it makes under its project "Belt and Road Initiative". Here is the link between this over-worked ideological concept and the economic and geopolitical argument that China cleverly draws from its thirty-five-year (2013-2049) quasi-global project.
This article presents the scope of activities of the Keys of the Middle East Review which corresponds at least to the Fertile Crescent (Iran, Israel, Palestine, Jordan, Iraq, Syria, Turkey, Lebanon), to the Arabian Peninsula (Saudi Arabia, Yemen, Oman, United Arab Emirates, Qatar, Bahrain, Kuwait) and the Nile Valley (Egypt). One can include Pakistan and Afghanistan (legacy of inherited definition of the British Empire), Maghreb States (Mauritania, Morocco, Algeria, Tunisia, Libya), Sudan, Djibouti, Somalia, as well as wanted to show the original American concept of "Greater Middle East", knowing that China takes it back, on its own and in its way through the massive investments it makes under its project "Belt and Road Initiative". Here is the link between this over-worked ideological concept and the economic and geopolitical argument that China cleverly draws from its thirty-five-year (2013-2049) quasi-global project.
1) Le « Grand Moyen-Orient », un
« ensemble » vulnérable mais incontournable de « pays
intermédiaires » entre Asie et Europe
Ce concept galvaudé de « Grand
Moyen-Orient » (2) coïncide en grande partie avec des Etats musulmans,
sans pour autant comprendre ceux d’Asie centrale, du Sud-Est asiatique (dont
l’Indonésie, la Malaisie…), du Caucase-Sud (Azerbaïdjan) et du Caucase-Nord
(faisant partie de la Fédération de Russie).
Même galvaudé, ce concept décrit cependant une réalité que la Chine et son projet "Belt and Road Initiative" reprend habilement à son compte.
Même galvaudé, ce concept décrit cependant une réalité que la Chine et son projet "Belt and Road Initiative" reprend habilement à son compte.
a) Le « Grand Moyen-Orient »
tel qu’ainsi configuré en 27 Etats, Pakistan compris (3) (cf. tableau
statistique ci-après) détient en effet une superficie presqu’aussi grande que
les Etats de la Communauté des Etats Indépendants (C.E.I.) (4), des Amériques
centrale et du Sud, de l’Afrique sub-saharienne. Il représente plus de la
moitié (27 sur 49 au total) des 49 pays dans le monde où les Musulmans
représentent plus de 50 % de la population locale de chaque pays. Sa
population a augmenté de près de 16% entre 2012 et 2017, passant durant cette
période de 728 à 844 millions d’habitants, dont 190 millions en Afrique du
Nord, Egypte comprise (région du monde à plus de 97% musulmane) ; soit 46%
de la population mondiale musulmane (1,830 milliard d’habitants, soit 24,1% de
la population mondiale en 2017), soit aussi le plus fort taux d’augmentation de
population par rapport aux principaux agrégats géopolitiques mentionnés dans ce
tableau.
La différence entre 10-11% (passage de 728
à 844 millions d’habitants) et 24,1% de la population mondiale (monde musulman)
provient de la non-intégration dans le « Grand Moyen-Orient »
des pays comptant le plus de Musulmans dans le monde (soit un milliard de
Musulmans en plus - cf. tableau ci-après), signifiant au passage que seulement
environ 20 % des Musulmans (366 millions) vivent dans des pays
arabes :
Les
densités de population sont dans les moyennes de celles au niveau mondial
(environ 50 habitants par km²), mais avec des fortes concentrations en Turquie,
au Pakistan, dans les pays du Golfe et du Levant.
b) Le PIB du « Grand Moyen-Orient »
configuré en 27 Etats représente au maximum 6% du PIB mondial, soit trois fois
plus en volume nominal que l’Afrique subsaharienne à superficie et niveau de
population comparables, deux fois plus que dans les pays de la C.E.I., un peu
moins qu’en Amérique centrale et latine ; mais PIB environ quatre fois
moins que ceux respectifs de l’U.E. et des Etats-Unis qui ont des superficies
et des niveaux de population de 1,5 à 4 fois moins importants. En relation avec
la Chine, les rapports sont plus complexes : le « Grand
Moyen-Orient » est deux fois plus grand que la Chine, près de deux
fois moins peuplé, avec un PIB près de trois fois moins important.
c) De tels différenciations de
productivité apparente de richesse se retrouvent en partie
dans l’évolution des PIB par habitant entre 2012 et 2017 : PIB par
habitant du « Grand Moyen-Orient » environ deux fois moins
important de celui au niveau mondial, de l’Amérique centrale et latine, des
pays de la C.E.I. (rattrapage sur cette zone en 2017), six fois moins que celui
de l’UE, jusqu’à près de dix fois mieux que celui des Etats-Unis, mais quatre
fois plus important de celui de l’Afrique subsaharienne et presqu’à
égalité de celui de la Chine en 2012 (1,6 fois moins important que
ce dernier en 2017).
d) C’est surtout l’évolution des PIB
nominaux (-1,4% entre 2012 et 2017) et des PIB par habitant (-14,9% durant la
même période) du « Grand Moyen-Orient » qui est la plus
préoccupante : notamment du fait de la chute des revenus énergétiques et
des fortes instabilités géopolitiques, sa régression constitue le plus mauvais
résultat de tous ceux enregistrés par les principaux agrégats géopolitiques
mentionnés dans le tableau ci-après, alors que ces derniers disposent
d’indicateurs souvent en évolution positive (sauf à un degré faible en U.E. et
dans le monde en 2017) ; régression la plus forte enregistrée à
part celle encore plus accentuée des pays de la C.E.I. (PIB nominal à
-29,2% entre 2012 et 2017, PIB par habitant à -30,5% durant la même période,
tout particulièrement en raison de la récession en Russie [chute des revenus
énergétiques, efficacité réelle et en profondeur des sanctions occidentales
contre ce pays]), celles de l’Afrique subsaharienne et de l’Amérique centrale
et latine étant de niveau à peu près comparable.
De tels résultats en termes des quelques
principaux agrégats macro-économiques laissent apparaître une « région
intermédiaire » (5) entre Europe et Asie particulièrement vulnérable,
tout autant au moins que celle des pays de la C.E.I. qui constitue l’autre zone
faible au sein de l’Eurasie (plus l’Ukraine, la Géorgie, le Turkménistan
– bas de page n°4).
Région vulnérable mais aussi importante, car incontournable pour le passage de l’Asie (la Chine) vers l’Afrique et l’Amérique latine, à l’approche des Etats-Unis pour mieux les envelopper, par le Sud (parcours décrit aux cartes des pages suivantes) et par le Nord (via les futurs services maritimes rendus par la Mer arctique en dégel progressif) …
D’où l’importance majeure des projets chinois dans cette région, au titre de "Belt and Road Initiative".
Région vulnérable mais aussi importante, car incontournable pour le passage de l’Asie (la Chine) vers l’Afrique et l’Amérique latine, à l’approche des Etats-Unis pour mieux les envelopper, par le Sud (parcours décrit aux cartes des pages suivantes) et par le Nord (via les futurs services maritimes rendus par la Mer arctique en dégel progressif) …
D’où l’importance majeure des projets chinois dans cette région, au titre de "Belt and Road Initiative".
Sources : http://www.worldometers.info/world-population/population-by-country/, http://www.translationdirectory.com/articles/article2416.php, https://knoema.com/tbocwag/gdp-by-country-statistics-from-imf-1980-2023?country=Afghanistan …
2) Le « Grand Moyen-Orient », un
« bloc » incontournable mais périlleux de « pays
intermédiaires » entre Asie et Europe
a)
La Chine est un des pays majeurs du monde passé et présent ayant la
particularité de posséder une mémoire historique et géopolitique constante
depuis plus de cinq mille ans (6) en termes de consignations calligraphiques
liées aux voyages, découvertes, projections extérieures de l’époque, évènements
divers internes et externes au pays…
Il en résulte une capacité inégalée de
témoignages chinois consignés en termes de rencontres et/ou confrontations
civilisationnelles inopinées, réussies ou ratées (7), qui font de la Chine un
acteur-pivot essentiel de compréhension et d’actions projetées ou « relayées »
sur le « Grand Moyen-Orient », ce dernier agissant de ce point
de vue comme un « Croissant fertile », donc immensément riche
en projections et croisements civilisationnels (8) :
Mouvement
historique circulant des savoirs et savoir-faire entre Europe et Asie - ©
Christian VICENTY
Ainsi, la soie, initialement monopole
chinois punissant de mort toute tentative d’exportation hors de Chine, s’est
répandue en Eurasie jusqu’à Rome et au-delà via l’Orient, du fait de marchands
polyglottes sogdiens (à Samarkand, Boukhara, en actuel Ouzbékistan) ayant
contribué à son échange concédé par l’Empereur chinois Wu Di (dynastie des Han,
ayant régné de 141 à 87 avant J.C.) contre une race de chevaux aux longues
jambes, les « chevaux célestes » de la vallée de Ferghana (aux
confins de l’actuel Ouzbékistan), nécessaires à l’armée chinoise en vue de
venir à bout des armées de l’Empire nomade Xiongnu (en actuelle Mongolie).
Ainsi
également, le processus de fabrication du papier (9), qui fut transmis hors de
Chine (vers 751 à Samarkand, puis dès 794 en Bagdad abbasside) par des
prisonniers de guerre chinois, suite à leur bataille perdue à Talas (10). La
technologie de fabrication du papier a été ensuite révolutionnée par le monde
islamique, notamment pour donner encore plus de force à la diffusion du Coran,
de même que des foisonnants ouvrages de science et de littérature dans le cadre
de l’âge d’or islamique des VIIIème-XIVème siècles. Elle fut ultérieurement
transmise par l’expansion de l’Islam vers l’Europe, y arrivant pour la première
fois en Andalousie musulmane en 1056, en Sicile en 1102, à Valence (Espagne) en
1150, à Marseille et près d’Ancône (Italie) en 1246-1276, vers Troyes au milieu
du XIVème siècle pour passer ensuite en Allemagne, en Hollande… (11).
b) Malgré sa vulnérabilité économique et
technologique actuelle, le souvenir consigné d’un tel carrefour de
foisonnements civilisationnels en « Grand Moyen-Orient » (au
moins jusqu’au XVème siècle) fait que la Chine prend (et fait prendre) le
risque(-pays) d’y faire ressusciter les passages des Routes historiques de la
Soie, afin de tenter de résoudre simultanément et pacifiquement le
« dilemme chinois des détroits » (de Malacca, d’Ormuz…),
affirmé « dès » le 29 novembre 2003 par un discours à Pékin du
Président HU Jintao (12).
Cela
se traduit concrètement par des (re-)constructions massives d’infrastructures
multimodales, interconnectées et d’appuis logistiques divers d’ici 2049,
résultant d’une longue phase préparatoire (13) de repérages en intelligence
économique pointue de localisations terrestres, maritimes, virtuelles,
jalonnant les multiples parcours transversaux au fil des continents
eurasiatique, africain, sud-américain…
Ces projections se trouvent d’autant
plus facilitées dans le temps et l’espace que la Chine s’avère
être le seul pays fournisseur ou presque d’équipements et de
prestations aux pays traversés par la zone BRI, prenant ainsi d’importants
risques(-pays) d’ordre financier (14), en faisant prendre aussi aux Etats
concernés (cf. l’accroissement sensible de leur dette publique) qui n’ont
souvent pas d’autre choix (15), de surcroît face à un Occident demeurant
« prudentiel » à de rares exceptions près (16), contribuant
ainsi lui-même et jusqu’à nouvel ordre à aggraver à terme le déséquilibres des
échanges entre Asie et Occident.
c) Ainsi, même de façon non exhaustive, la
carte ci-après montre l’envergure du nombre et des montants de projets projetés
par la Chine à travers les Etats du « Grand Moyen-Orient »,
les plus importants après ceux consacrés à l’Asie dans son ensemble, afin de
pouvoir relier de façon multimodale l’Europe, l’Afrique et même l’Amérique
latine par des parcours alternatifs par rapport aux voies maritimes des Routes
historiques de la Soie et du « tryptique » terrestre
(ferroviaire) Kazakhstan-Russie-Belarus.
La voie orientale des nouvelles Routes de
la Soie est périlleuse dans le contexte géopolitique actuel fortement agité,
impliquant de traverser plusieurs Etats et frontières pour assurer, souvent
difficilement, un transport de Chine vers l’Afrique ou l’Europe via le « Grand
Moyen-Orient ».
Ce
qui n’empêche pas la Chine de multiplier les essais et constructions
d’infrastructures transversales et multimodales à travers la Turquie, l’Iran,
le Pakistan, de même que d’assurer la construction ou la prise de contrôle de
logistiques portuaires, aéroportuaires, industrielles, militaires (en Turquie,
en Iran, au Pakistan, à Oman, à Djibouti, en Egypte, en Israël [port de Haïfa],
en Arabie saoudite, au Maroc …), en vue de fluidifier et sécuriser ses
échanges.
Par ailleurs, au fil de l’acuité du
contentieux commercial sino-américain et de la multiplicité des sanctions
américaines en divers endroits du monde, il s’avère que « Belt and Road
Initiative » sert aussi à accroître les solidarités géopolitiques
entre Etats de la zone B.R.I. en difficulté (cas patent de la relation entre la
Chine et l’Iran) (17) et, incidemment, à faciliter les « raccourcis »
multimodaux et interconnectés entre continents (en forme de « T »
dans l’exemple du haut de la carte ci-après) (18).
©
Christian VICENTY
En
conclusion provisoire et en dépit des scepticismes récurrents ou des
difficultés rencontrées de façon inévitable dans la réalisation des projets, il
paraît peu vraisemblable que la Chine s’arrête en si ample chemin de sa
projection extérieure (passant de surcroît par le « Grand
Moyen-Orient »), cette dernière étant une composante essentielle de sa
pleine renaissance géopolitique en cours d’accomplissement (19)
Notes :
(1) Pays traités par la revue « Clés du Moyen-Orient » : Algérie, Arabie Saoudite, Bahrein, Egypte, Emirats Arabes Unis, Irak, Iran, Israël, Jordanie, Koweit, Liban, Libye, Maroc, Oman, Palestine, Qatar, Syrie, Tunisie, Turquie, Yémen.
(1) Pays traités par la revue « Clés du Moyen-Orient » : Algérie, Arabie Saoudite, Bahrein, Egypte, Emirats Arabes Unis, Irak, Iran, Israël, Jordanie, Koweit, Liban, Libye, Maroc, Oman, Palestine, Qatar, Syrie, Tunisie, Turquie, Yémen.
(2) L’énumération des différentes régions
comprises dans la formule de « Grand Moyen-Orient » montre en effet
la difficulté de les réduire à une seule expression et de les amalgamer en un
« bloc de civilisation », attisant ainsi l’hypothèse d’un « choc
des civilisations ». Car ces différentes régions ne sont unies ni par la
religion, ni par l’origine ethnique des populations, ni même par une histoire
commune. Si l’Islam est majoritaire, il y a dans ces pays d’autres religions
présentes, notamment en Israël, au Liban, en Turquie … L’expression ne recouvre
donc pas le monde musulman, qui s’étend en Asie, en particulier en Indonésie.
Le « Grand Moyen-Orient » ne recouvre pas non plus le monde
arabo-musulman, puisqu’il inclut l’Iran, la Turquie, Israël, l’Afghanistan et
les populations caucasiennes et d’Asie centrale qui n’ont rien d’arabe et le
Liban qui n’est pas un pays musulman. Aussi, la pertinence de ce concept est
mise en cause par de nombreux observateurs de ces différentes parties du monde,
et semble être davantage le fruit d’une vision idéologique de l’époque
américaine « Bush fils ». Il a représenté une impasse géopolitique
dans la mesure où il ne permettait pas de saisir les divisions internes à cet
ensemble de territoires. Divers conflits fratricides et la montée de mouvements
islamistes radicaux a prouvé l’inopérabilité du projet américain.
(3) Pakistan : 11,2 % des
Musulmans dans le monde y habitent, soit 205,3 millions sur 213 millions
d’habitants au total au Pakistan.
(4) C.E.I. : entité
intergouvernementale composée de 9 des 15 anciennes républiques
soviétiques (donc non compris les trois pays baltes [intégrés à l’UE], la
Géorgie, l’Ukraine, Turkménistan [ce dernier étant Etat associé]). Conformément
à ses instruments constitutifs, les accords de Minsk et d’Alma-Ata des 8 et 21
décembre 1991, la C.E.I. est dépourvue de personnalité juridique
internationale. Pour cette raison, cette communauté des anciennes républiques
soviétiques n’est pas une organisation internationale au sens strict. La C.E.I.
comprend également, dans son cadre, l’Organisation du traité de sécurité
collective (OTSC) et l’Union économique eurasiatique (U.E.E.A. ou Eurasec). Ces
deux organisations ont tendance à prendre leur indépendance vis-à-vis de la
CEI, même si les liens sont encore forts (l’octroi d’une personnalité juridique
à l’OTSC, permettant l’indépendance de cette dernière par rapport à la C.E.I.,
et l’élaboration d’un projet identique pour l’Union économique eurasiatique).
L’objectif de ces deux organisations est de reprendre le processus
d’intégration économique et politico-militaire au sein de l’espace
post-soviétique, objectif non atteint par la C.E.I.
(5) « Région intermédiaire » au
sens géopolitique du terme : modèle géopolitique reconnu par la communauté
scientifique dès les années 1970, en particulier par la Société royale du
Canada. Selon ce modèle, établi par Dimitri Kitsikis, professeur à l’Université
d’Ottawa, l’Eurasie présente, non pas deux régions de civilisation, à savoir
l’Occident (ou Europe occidentale) et l’Orient (ou civilisation extrême-orientale),
mais également une troisième civilisation, placée entre les deux, appelée
Région intermédiaire.
(6) D’autres pays disposent de ce
privilège mémoriel permanent, mais souvent à une envergure moindre,
d’ancienneté et d’accessibilité calligraphique variables et/ou discontinue dans
le temps : Inde, Israël, Arménie, Géorgie, Iran (Perse), Irak
(Mésopotamie), Egypte …
(7) Rencontres et/ou confrontations civilisationnelles
inopinées, réussies ou ratées - parmi les rencontres inopinées : l’exemple
de la projection des Routes historiques et empiriques de la Soie, suite à la
confrontation des Han avec l’Empire nomade Xiongnu, entre 133 avant J.-C. et
l’an 89 après J.C. (cf. liens https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_Han–Xiongnu, https://fr.wikipedia.org/wiki/Zhang_Qian, https://fr.wikipedia.org/wiki/Route_de_la_soie, https://www.youtube.com/watch?v=QkkIBUFaYaQ, https://www.youtube.com/watch?v=CRVAmN6dZw8, https://www.youtube.com/watch?v=974ymU6GaVQ) ; parmi les rencontres réussies :
l’exemple des projections spirituelles chinoises vers l’Inde bouddhiste (https://www.persee.fr/doc/befeo_0336-1519_1904_num_4_1_1299, https://fr.wikipedia.org/wiki/Faxian, https://en.wikipedia.org/wiki/Kumārajīva, https://fr.wikipedia.org/wiki/Xuanzang, https://fr.wikipedia.org/wiki/Expansion_du_bouddhisme_via_la_route_de_la_soie) ; parmi les rencontres ratées : l’exemple
de la bataille de Talas (aux Kazakhstan et Kirghizistan, près de la ville de
Taraz, ex-Djamboul, 751 après J.C.), perdue par les Chinois de la dynastie des
Tang face aux Arabes conquérants du Califat abbasside (https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Talas).
(8) Sachant qu’historiquement, la Chine
n’a pas été le seul pays, loin de là, à s’intéresser de près au « Grand
Moyen-Orient » et au-delà, vers l’Afrique : également l’Antiquité
égyptienne, mésopotamienne et gréco-romaine, la Perse-Iran, Byzance, l’Inde,
les civilisations islamiques, puis européennes … ; ceci parce que le « Grand
Moyen-Orient fut un des carrefours mondiaux majeurs des technologies
disponibles de l’époque, des échanges de biens et d’idées, notamment au fil du
30ème Parallèle Nord, zone de fracture sismique fertile, aussi comme par hasard
axe initial des Routes historiques de la Soie et des civilisations principales
du Sud du « monde connu » (Eurasie).
(9) Processus de fabrication du papier à
partir d’une pâte à base d’écorce d’arbres (notamment de mûrier à papier), de
lin et de chanvre (pas de riz initialement) ; processus chinois codifié en
l’an 105 après J.C. par Cai Lun, haut fonctionnaire impérial en charge de
l’agriculture.
(10) Comme pour la soie, les techniques de
fabrication du papier était initialement un secret d’Etat en Chine, et seuls
certains ateliers et moines bouddhistes maitrisaient la technologie nécessaire.
(11) Les « différentiels
temporels » dans les « transferts technologiques » de l’époque
entre Chine et Europe via le « Grand Moyen-Orient » sont
impressionnants, à l’image de celui du papier : protection chinoise du
monopole de fabrication de l’an 105 à 751 (3 800 kms de Xi’an-Chang’an à
Samarkand) ; puis accélération fulgurante et motivée de la diffusion par
l’âge d’or islamique du « Grand Moyen-Orient » entre 751 et 794 (43
ans), de Samarkand à Bagdad (2 800 kms) ; puis environ cinq siècles
en demi depuis Bagdad pour être diffusé à travers l’Europe (4 900 kms, de
794 vers le milieu du XIVème siècle) … ; au total, pour le processus de
fabrication du papier : plus de douze siècles de parcours entre la Chine
du IIème siècle après J.C. et le XIVème siècle européen …
(12) Cf. liens https://major-prepa.com/geopolitique/le-collier-de-perles-chinois/, https://www.cairn.info/revue-geoeconomie-2013-4-page-123.htm - article de Nathalie FAU : « Les
enjeux économiques et géostratégiques du détroit de Malacca », https://portail-ie.fr/analysis/1842/le-canal-de-kra-symbole-des-ambitions-expansionnistes-chinoises-les-nouvelles-routes-de-la-soie-12, http://decryptnewsonline.over-blog.com/2017/01/le-port-de-gwadar-solution-chinoise-au-dilemme-de-malacca.html …
(13) Repérages de localisations terrestres, maritimes,
virtuelles précises en intelligence économique pointue effectués sans doute sur
au moins vingt ans avant les officialisations d’OBOR/BRI par les discours de XI
Jinping à Djakarta et Astana en 2013 (le Premier ministre chinois LI PENG y
pensait « dès » 1994, en même temps d’ailleurs que le concept initial
d’« Eurasie » de Noursoultan NAZARBAYEV, actuel Président de la
République du Kazakhstan) ; actes géopolitiques qui contredisent par
eux-mêmes en grande partie l’affirmation récurrente selon laquelle le projet
« Belt and Road Initiative » serait « flou, fourre-tout,
relevant de la poudre aux yeux » …) - cf. liens https://www.lettrevigie.com/blog/2018/05/02/nouvelle-route-de-la-soie-de-la-poudre-aux-yeux/, https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/ekman_ifri_france_routes_soie_2018.pdf.
(14) Les sociétés chinoises perdent beaucoup d’argent
dans l’immédiat sur certains corridors majeurs en construction*, acceptant
ainsi que le retour sur investissement soit différé sur long ou très long
termes ; attitude soutenable du seul fait de l’intervention économique et
financière massive, liquide et constante des autorités publiques chinoises,
tous éléments que les normes occidentales de gestion admettent difficilement
(appels d’offre et transparence obligatoires, plus de prêts liés pratiqués,
gestion prudentielle des risques-pays …).
* “Frankly, Chinese officials (…) have also admitted that many of the projects may lose money : as much as 80% in Pakistan, 50% in Myanmar and 30% in central Asia, according to news reports.” – cf. liens https://realmoney.thestreet.com/articles/11/24/2017/follow-chinese-money-along-one-belt-one-road-initiative, https://www.ft.com/content/e83ced94-0bd8-11e6-9456-444ab5211a2f . Mais on oublie souvent de signifier que ces mêmes sociétés chinoises gagnent aussi beaucoup d’argent sur ces mêmes majeurs en construction …
* “Frankly, Chinese officials (…) have also admitted that many of the projects may lose money : as much as 80% in Pakistan, 50% in Myanmar and 30% in central Asia, according to news reports.” – cf. liens https://realmoney.thestreet.com/articles/11/24/2017/follow-chinese-money-along-one-belt-one-road-initiative, https://www.ft.com/content/e83ced94-0bd8-11e6-9456-444ab5211a2f . Mais on oublie souvent de signifier que ces mêmes sociétés chinoises gagnent aussi beaucoup d’argent sur ces mêmes majeurs en construction …
(15) Pas d’autres choix en pratique que
d’accepter les conditions chinoises d’exécution des travaux (dont les
concessions territoriales de longue durée assorties aux contrats et garanties…)
ou « s’exclure de l’Histoire » en demeurant à l’écart des
interconnexions d’infrastructures pour longtemps …
(16) Il n’est pas à ce stade certain que le
concept-projet occidental « Indo-Pacifique » (133 millions de
dollars, présenté le 30 juillet 2018 par Mike POMPEO, Secrétaire d’Etat
américain, et son agence associée « BUILD » (« Better
Utilization of Investment Leading to Development ») dotée de 60 milliards
de dollars - https://www.opic.gov/press-releases/2018/opic-president-and-ceo-washburne-statement-build-act-heads-presidents-desk, https://www.reuters.com/article/us-usa-congress-development/congress-eying-china-votes-to-overhaul-development-finance-idUSKCN1MD2HJ …) soit en capacité à répondre au défi de long
terme (d’ici 2049) lancé depuis 2013 par le projet chinois « Belt and Road
Initiative », notamment au regard du pourtour de l’Océan Indien
« préempté » par les investissements et constructions chinois depuis
au moins 2010 à hauteur de plus de 700 milliards de dollars, à travers les
projets captés et recoupés par divers sites et liens d’intelligence économiques
(https://reconnectingasia.csis.org/database/initiatives/one-belt-one-road/fb5c5a09-2dba-48b9-9c2d-4434511893c8/, https://www.aiddata.org/data/chinese-global-official-finance-dataset) …
(17) Cf.
liens https://www.presstv.com/Detail/2018/05/11/561397/China-launches-new-Iran-train-route, https://www.railfreight.com/beltandroad/2018/05/14/new-iran-china-rail-freight-connection/.
(18) Cas évident du lien multimodal
interconnecté en forme de « T » entre le ferroviaire-maritime
remontant l’Egypte par le Canal de Suez, traversant Israël (port de Haïfa,
ligne ferroviaire « Red-Med » entre Eilat et Ashdod, en cours de
construction ou de prise de contrôle par la Chine), puis la Méditerranée pour
rejoindre le port grec du Pirée (géré par les opérateurs chinois), à partir
duquel il est possible de pénétrer les Balkans (ligne ferroviaire
Belgrade-Budapest, en cours de construction par la Chine), pour se rapprocher
des flux terrestres (ferroviaires) horizontaux du Centre-Nord de l’Europe en
provenance ou repartant vers les Belarus, Russie, Kazakhstan et Chine …
(19) Il convient à cet égard de rappeler
que la Chine est historiquement coutumière des entreprises pharaoniques de très
longue durée et à répétition (réhabilitations régulières jusqu’à l’ère de la
Chine actuelle) : en dehors de la Grande Muraille ou du barrage des
Trois-Gorges (plus discutables), l’exemple du Grand Canal de Chine
(Pékin-Hangzhou, 1 794 km) symbolise le plus grand canal ancien ou
rivière artificielle du monde, les parties les plus anciennes remontant au
Vème siècle avant J.-C. Pièce essentielle parmi d’autres de
l’unification de la Chine, le Grand Canal relie cinq rivières (dont le Fleuve
Jaune) et fut essentiel pour l’approvisionnement de Pékin en céréales.
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