« ARMÉE NATIONALE
SYRIENNE » : QUI SONT CES SUPPLÉTIFS D’ANKARA ENGAGÉS CONTRE LES
KURDES EN SYRIE ?
ARTICLE PUBLIÉ LE 14/11/2019
Par Emile Bouvier
Des « mercenaires », des
« djihadistes », des « gangsters »… Les qualificatifs ne
manquent pas, dans la bouche de ses détracteurs, pour qualifier l’« Armée
nationale syrienne » qui, contrairement à ce que pourrait laisser penser
son nom, désigne une vaste coalition de groupes rebelles syriens faisant
office, aujourd’hui, d’auxiliaires de l’armée turque en Syrie.
De fait, depuis que la Turquie les emploie, et en
particulier depuis l’opération « Rameau d’Olivier » à l’encontre du
canton kurde syrien d’Afrin, ces supplétifs syriens s’illustrent par leurs
nombreux actes à l’encontre des civils ou des prisonniers de guerre. Si la
propagande kurde s’emploie à les mettre en évidence, il n’en demeure pas moins
qu’un nombre croissant d’ONG et d’institutions internationales en reconnait
l’existence et les documente. Depuis l’offensive turque « Source de
Paix » le 9 octobre 2019, il serait même question, à l’ONU ou à
Washington, d’envisager des poursuites pénales contre les auteurs et les
responsables de ces actes (1).
En quoi
consiste exactement cette Armée nationale syrienne ? Ses membres
sont-ils vraiment d’anciens membres de groupes terroristes ? Quel intérêt
Ankara a-t-il d’employer ces mercenaires en Syrie, au vu de l’image
profondément négative qu’ils renvoient dans les médias et auprès des
populations à leur contact ?
Si cette
Armée nationale syrienne apparaît comme une vaste coalition hétéroclite de
groupes aux idéologies et intérêts divergents, l’appât du gain les réunit
presque sans distinction sous la bannière de l’armée turque (I) ; leur
présence dans les rangs de cette dernière apparaît de fait fondamentale pour
les opérations d’Ankara en Syrie, tant pour minimiser les pertes de soldats
turcs que pour pallier la réduction brutale des capacités opérationnelles de
l’armée turque à la suite des purges post-tentative de coup d’Etat en juillet
2016 (II).
I. Des groupes rebelles devenus
mercenaires d’Ankara
Si la fondation de l’Armée nationale syrienne (ANS) remonte au
mois de mai 2017, la très grande majorité de ses effectifs est issue des rangs
de l’Armée syrienne libre (ASL), aujourd’hui incorporée au sein de l’ANS. L’ASL
est formée dès le 29 juillet 2011, dans une volonté d’unification de tous les
groupes armés opposés au régime du Président syrien Bachar el-Assad, et dont la
posture politique est dite « modérée » - en opposition aux groupes
djihadistes sévissant alors en Syrie, notamment la branche locale d’Al Qaeda,
le Jabhat al-Nosra.
Après avoir été le fer de lance de l’opposition armée aux forces
pro-régime durant les premières années du conflit, l’ASL initie son déclin. A
partir des mois d’avril-mai 2013, l’Armée syrienne libre commence à perdre un
nombre croissant d’hommes au profit du Jabhat al-Nosra, qui émerge alors comme
l’une des forces d’opposition à Damas les mieux financées, motivées et équipées
du conflit, a contrario de l’ASL dont le manque d’équipements, de munitions et
de combattants qualifiés fait cruellement défaut. L’année suivante, l’émergence
soudaine et victorieuse de Daech en
Syrie (capture de Raqqah le 10 janvier 2014 par exemple) accélère ce processus.
A partir du
30 septembre 2015, l’intervention de la Russie aux côtés de Damas renverse le
rapport de forces sur le terrain ; les rebelles de l’ASL subissent revers
contre revers, dont la perte d’Alep en décembre 2016 constituera la
« défaite de trop ». D’autant plus qu’en parallèle, la création des
Forces démocratiques syriennes (FDS) par les Kurdes, le 10 octobre 2015, créé
un nouvel appel d’air pour les rebelles déçus de l’ASL. En effet, les FDS
affichent, dès leur création, leur volonté d’apparaître comme une vaste
alliance inclusive et ethniquement hétérogène, où combattent côte-à-côte
Kurdes, Arabes, Turkmènes et d’autres groupes ethniques. Leurs nombreux succès
militaires, ainsi que le soutien massif qu’ils obtiennent de la Coalition
internationale, confèrent aux FDS un attrait auquel va succomber un grand
nombre de combattants de l’ASL.
L’Armée
syrienne libre devient ainsi rapidement le fantôme d’elle-même : forte de
80 000 combattants durant l’été 2012, elle n’en comptera plus que
30 000 en 2016. Cette année-là, l’opération turque « Bouclier de
l’Euphrate », lancée le 24 août, vient bouleverser la donne pour l’ASL.
Celle-ci, soutenue depuis le début du conflit par plusieurs acteurs
internationaux dont la Turquie, s’est vue proposer en 2015 par cette dernière
de bénéficier de formations militaires et de nouveaux équipements si plusieurs
bataillons syriens se rendaient en territoire turc et participaient aux futures
opérations qu’Ankara planifiaient dans le nord de la Syrie.
L’opération
« Bouclier de l’Euphrate » vient concrétiser le partenariat entre
l’ASL et la Turquie. Subissant de lourdes pertes durant l’opération, payant le
prix de leur amateurisme militaire (2) malgré les formations dispensées en
Turquie, ces supplétifs syriens joueront pourtant un rôle central dans
l’opération et s’avéreront indispensables pour Ankara, comme il sera évoqué en
deuxième partie du présent article.
Les autorités turques décident donc de « s’approprier »
ces supplétifs en les ralliant sous la bannière de « l’Armée nationale
syrienne » en mai 2017, organisée en « légions ». Le 4 octobre
2019, ils sont rejoints par le Front de libération national, une alliance de
groupes rebelles soutenus par la Turquie dans la province d’Idlib,
à l’ouest de la Syrie.
L’ANS,
héritière directe de l’ASL, est donc récipiendaire d’une trentaine de groupes
rebelles aux idéologies très variables mais partageant la même animosité à
l’encontre de leur ennemi kurde et trouvant auprès de la Turquie les moyens de
subsister financièrement.
II. Des supplétifs indispensables
pour les opérations turques en Syrie
Dans le cadre des opérations « Rameau d’Olivier » et « Source de Paix »,
ces supplétifs syriens se sont montrés irremplaçables pour Ankara afin de
permettre à cette dernière d’épargner ses propres soldats
« nationaux ». En effet, la première incursion militaire
turque en Syrie, l’opération « Bouclier de l’Euphrate »
(août 2016-mars 2017), s’était caractérisée par un nombre substantiel de
pertes, tant humaines que matérielles, diffusant une image désastreuse de
l’opération auprès de l’opinion publique. L’armée turque avait en effet pris
directement part aux opérations afin de compenser la faible efficacité de ses
supplétifs syriens, peu entraînés ni motivés. Les soldats turcs montaient donc
en première ligne aux côtés de leurs alliés syriens, voire les remplaçaient.
Toutefois, c’était sans compter sur la perte très nette en
capacités opérationnelles de l’armée turque à la suite du coup d’Etat raté
du 15 juillet 2016 et des purges consécutives dont l’ampleur, ainsi que la
fréquence, avaient décimé les rangs des forces armées turques et notamment ceux
de ses officiers supérieurs (3).
Dirigée par
des hommes désormais peu expérimentés ou choisis par Ankara en raison de leur
loyauté vis-à-vis de la présidence turque, sans vision opérationnelle, l’armée
turque subira de lourdes pertes, tant humaines (71 morts) que matérielles (11
chars de combat détruits ainsi que 5 autres véhicules blindés de diverse
nature). Les images de chars « Leopard 2A » turcs détruits dans les
combats et dont Daech fera grand usage dans sa propagande (4) feront le tour
des médias et laisseront un arrière-goût particulièrement amer à l’opinion
publique turque.
En janvier
2018, lorsqu’Ankara lance son offensive à Afrin contre les forces kurdes, les
supplétifs syriens sont ainsi envoyés en première ligne ; si les pertes
turques restent conséquentes au cours de l’opération (46 morts), celles de ses
supplétifs excèdent le décuple (463 morts). Le bilan humain de l’opération
« Source de Paix » initiée le 9 octobre 2019 n’est pas encore
précisément connu en raison de son caractère très récent et, surtout, inachevé.
Toutefois, les premières estimations indiquent que 8 soldats turcs seraient
morts tandis que leurs alliés syriens auraient subi des pertes avoisinant les
300 hommes.
L’usage
massif de l’actuelle ANS permet donc à Ankara de limiter très nettement
l’ampleur des pertes de soldats turcs et de ménager ainsi son opinion publique.
Toutefois, si l’emploi de ces supplétifs syriens permet aux autorités turques
de s’épargner une image négative en minimisant les pertes, elle en créé une
autre toutefois : celles d’alliés présentés par Ankara comme
« modérés » et « fiables » mais dont les actions sur chaque
théâtre d’opérations sont documentées et régulièrement dénoncées par les
populations locales et les ONG (5).
En effet,
comme vu infra, les combattants constituant l’ANS sont, pour un grand nombre,
issus de groupes islamistes, ou en font encore partie. L’un de ces groupes par
exemple, incorporé au sein de l’ANS, se nomme Ahrar al-Charkiya (« les
Hommes libres de l’Est »). Fondée en 2016 par un chef religieux de l’Etat islamique
en Irak, et aujourd’hui dirigée par un ancien cadre de du Front al-Nosra, Abou
Hatem Chakra, cette faction a recruté d’anciens combattants du Front al-Nosra
et de Daech (6). Comme l’a révélé le quotidien britannique The Telegraph (7),
les membres d’Ahrar al-Charkiya ont récupéré des femmes de Daech jusqu’ici
détenues dans le camp de prisonniers d’Aïn Issa, à la faveur de l’offensive
turque.
Ces groupes
islamistes présents dans les rangs de l’ANS constituent le fer de lance des
exactions commises contre les populations kurdes, tant à Afrin que dans le
nord-est syrien aujourd’hui. Plusieurs ONG ont ainsi dénoncé la terreur
instaurée par ces groupes dans les territoires occupés où les pillages,
rançonnages et expropriations sont rapportés en nombre. Ces expropriations
s’inscrivent dans le cadre du souhait de la présidence turque de modifier le
paysage ethno-démographique des territoires kurdes afin d’y installer, à la
place, des populations arabes, créant ainsi un « glacis ethnique »
entre la Turquie et les Kurdes. Abou Hatem Chakra a ainsi été décoré par la
Turquie en février 2019 pour son rôle dans la « protection des
propriétés » à Afrin.
Les
exactions commises régulièrement par les supplétifs syriens d’Ankara, à
l’instar du meurtre avec torture de la politicienne kurde Hevrin Khalaf le 12
octobre, sont de plus en plus reconnues et documentées par les ONG et instances
internationales. Le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU, Rupert
Colville, a ainsi qualifié le 15 octobre de « crimes de guerre » les
actes commis en Syrie par les auxiliaires syriens d’Ankara, désignant nommément
Ahrar al-Charkiya. Kumi Naidoo, secrétaire général de l’ONG de protection des
Droits de l’Homme « Amnesty International » a, de son côté, déclaré
que « la Turquie ne peut pas échapper à ses responsabilités en
externalisant ses crimes de guerre à des groupes armés » (8).
Les
autorités turques se sont ainsi adjointes les services de milliers de rebelles
syriens aux motivations et idéologies particulièrement diverses, quitte à essuyer
de nombreuses critiques de la communauté internationale en raison de leurs
exactions. Ankara y trouve malgré tout son compte puisque l’opinion publique
domestique y voit une opération où les pertes en soldats turcs sont limitées,
et où la Turquie atteint ses objectifs. Un sondage réalisé par Metropoll le 5
novembre dernier démontre ainsi, s’il en était besoin, le succès de cette
stratégie : depuis l’offensive turque en Syrie, la cote de popularité du
Président turc Recep Tayyip Erdoğan a augmenté de 3,7% et le taux de
désapprobation de ses politiques a quant à lui chuté de 9,3% (9).
Notes :
(1) Voir par exemple : https://ahvalnews.com/operation-peace-spring/us-examining-evidence-war-crimes-turkish-offensive-syria-envoy-tells-senate
(2) Cf. https://www.rudaw.net/english/analysis/11102019
(3) Onze jours après la tentative de coup d’Etat, le 27 juillet 2016, les autorités turques annoncent en effet le limogeage de 149 généraux et amiraux (sur un total de 358 au sein de l’armée turque), 1 099 officiers, 436 sous-officiers et environ 5 000 soldats du rang. D’autres purges suivront régulièrement au fil des mois ; en tout, ce sont près de 77 000 militaires qui auront été arrêtés ou limogés depuis la tentative de coup d’Etat de juillet 2016.
(4) Cf. par exemple : https://www.dailymail.co.uk/news/article-5332247/The-4million-German-tank-embarrassed-Syria.html
(5) Cf. par exemple le dépôt, par un collectif de 12 ONG, d’un dossier sur les crimes de guerre commis par la Turquie à Afrin à l’ONU le 21 juillet dernier : https://kurdistan-au-feminin.fr/2019/07/21/12-ong-de-defense-des-droits-humains-soumettent-a-lonu-un-dossier-sur-les-crimes-commis-par-la-turquie-a-afrin/
(6) Cf. https://www.lepoint.fr/monde/ces-djihadistes-au-service-des-turcs-25-10-2019-2343449_24.php
(7) https://www.telegraph.co.uk/news/2019/10/17/british-isil-matchmaker-pleads-return-uk-escape-kurdish-run/
(8) https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2019/10/syria-damning-evidence-of-war-crimes-and-other-violations-by-turkish-forces-and-their-allies/
(9) https://www.reuters.com/article/us-turkey-erdogan-poll/turks-support-for-erdogan-jumps-after-syria-operation-poll-shows-idUSKBN1XF18K
(1) Voir par exemple : https://ahvalnews.com/operation-peace-spring/us-examining-evidence-war-crimes-turkish-offensive-syria-envoy-tells-senate
(2) Cf. https://www.rudaw.net/english/analysis/11102019
(3) Onze jours après la tentative de coup d’Etat, le 27 juillet 2016, les autorités turques annoncent en effet le limogeage de 149 généraux et amiraux (sur un total de 358 au sein de l’armée turque), 1 099 officiers, 436 sous-officiers et environ 5 000 soldats du rang. D’autres purges suivront régulièrement au fil des mois ; en tout, ce sont près de 77 000 militaires qui auront été arrêtés ou limogés depuis la tentative de coup d’Etat de juillet 2016.
(4) Cf. par exemple : https://www.dailymail.co.uk/news/article-5332247/The-4million-German-tank-embarrassed-Syria.html
(5) Cf. par exemple le dépôt, par un collectif de 12 ONG, d’un dossier sur les crimes de guerre commis par la Turquie à Afrin à l’ONU le 21 juillet dernier : https://kurdistan-au-feminin.fr/2019/07/21/12-ong-de-defense-des-droits-humains-soumettent-a-lonu-un-dossier-sur-les-crimes-commis-par-la-turquie-a-afrin/
(6) Cf. https://www.lepoint.fr/monde/ces-djihadistes-au-service-des-turcs-25-10-2019-2343449_24.php
(7) https://www.telegraph.co.uk/news/2019/10/17/british-isil-matchmaker-pleads-return-uk-escape-kurdish-run/
(8) https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2019/10/syria-damning-evidence-of-war-crimes-and-other-violations-by-turkish-forces-and-their-allies/
(9) https://www.reuters.com/article/us-turkey-erdogan-poll/turks-support-for-erdogan-jumps-after-syria-operation-poll-shows-idUSKBN1XF18K
A lire sur Les clés du Moyen-Orient :
Bilan de l’offensive turque dans le nord-est syrien : entre suprématie russe et retour en scène de Damas dans les territoires kurdes
Nouvelle offensive turque au Rojava : explications thématiques et point de situation
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Bibliographie :
KASAPOĞLU, Can, ÜLGEN, Sinan, et CHAIRMAN, E. D. A. M. Operation Olive Branch : A Political–Military Assessment. Centre for Economics and Foreign Policy Studies (EDAM), 2018.
SHIELD, Operations Euphrates et BRANCH, Olive. Assessing the Post–July 15 Turkish Military. 2019.
CALHO, Julio Miranda. Instability in the South. NATO Parliamentary Assembly, 2018. - ROUHI, Mahsa. US–Iran Tensions and the Oil Factor. Survival, 2018, vol. 60, no 5, p. 33-40.
PELINO, Elettra. The 2018 Turkish Military Operation in Northern Syria : Turkey’s Ambiguous Realpolitik Between the USA and Russia. 2018.
FAVIER, Agnès. Syria after Islamic state :’everything needs to change, so everything can stay the same’ ?. 2018.
HOFFMANN, Clemens. Neo-Ottomanism, Eurasianism or securing the region ? A longer view on Turkey’s interventionism. Conflict, Security & Development, 2019, vol. 19, no 3, p. 301-307.
HALLINAN, Conn, et al. The Syrian chess board. Australian Socialist, 2018, vol. 24, no 3, p. 13.
COSTEA, Cătălin, et al. EUPHRATES SHIELD : AN ANALYSIS OF TURKEY’S INTERVENTION IN SYRIA. In : International Scientific Conference Strategies XXI-Volume 1. ” Carol I” National Defence University Publishing House, 2018. p. 47-58.
SLEE, Chris, et al. Turkey ups military intervention in Iraq. Green Left Weekly, 2019, no 1225, p. 12.
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Sitographie :
Money and Hatred for the Kurds Drives Turkey’s Syrian Fighters, Time, 15/10/2019
https://time.com/5700563/syrian-national-army-turkey-offensive-kurds/
Turkey vs the SDF : A brief comparison of forces, Rudaw, 11/10/2019
https://www.rudaw.net/english/analysis/11102019
U.S. examining evidence of war crimes in Turkish offensive, Syria envoy tells Senate committee, Ahval News, 24/10/2019
https://ahvalnews.com/operation-peace-spring/us-examining-evidence-war-crimes-turkish-offensive-syria-envoy-tells-senate
The £4million German tank dubbed ’one of the best in the world’ is shown up in Syria : Leopard 2 bought by Turkey to fight British-backed Kurds has numerous faults exposed in lethal fashion, Daily Mail, 31/01/2018
https://www.dailymail.co.uk/news/article-5332247/The-4million-German-tank-embarrassed-Syria.html
12 ONG de défense des droits humains soumettent à l’ONU un dossier sur les crimes commis par la Turquie à Afrin, Kurdistan au Féminin, 21/07/2019
https://kurdistan-au-feminin.fr/2019/07/21/12-ong-de-defense-des-droits-humains-soumettent-a-lonu-un-dossier-sur-les-crimes-commis-par-la-turquie-a-afrin/
Ces djihadistes au service des Turcs, Le Point, 25/10/2019
https://www.lepoint.fr/monde/ces-djihadistes-au-service-des-turcs-25-10-2019-2343449_24.php
‘Filled with hatred and a lust for blood’ : Turkey’s proxy army in northern Syria accused of abusing civilians, The New York Times, 10/11/2019
https://www.washingtonpost.com/world/middle_east/filled-with-hatred-and-a-lust-for-blood-turkeys-proxy-army-in-northern-syria-accused-of-abusing-civilians/2019/11/09/345e2fd6-0175-11ea-8341-cc3dce52e7de_story.html
National security adviser "very concerned" about possible war crimes in Syria during Turkish offensive, CBS News, 10/11/2019
https://www.cbsnews.com/news/national-security-adviser-robert-obrien-very-concerned-war-crimes-syria-turkish-offensive-face-the-nation/
Turkey-Backed Rebels Who Filmed Gruesome Executions on Their Phones Accused of ’Blatant War Crimes’, VICE, 25/10/2019
https://www.vice.com/en_us/article/wjwkaq/turkey-backed-rebels-who-filmed-gruesome-executions-on-their-phones-accused-of-blatant-war-crimes
Money and Hatred for the Kurds Drives Turkey’s Syrian Fighters, Time, 15/10/2019
https://time.com/5700563/syrian-national-army-turkey-offensive-kurds/
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The £4million German tank dubbed ’one of the best in the world’ is shown up in Syria : Leopard 2 bought by Turkey to fight British-backed Kurds has numerous faults exposed in lethal fashion, Daily Mail, 31/01/2018
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12 ONG de défense des droits humains soumettent à l’ONU un dossier sur les crimes commis par la Turquie à Afrin, Kurdistan au Féminin, 21/07/2019
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Ces djihadistes au service des Turcs, Le Point, 25/10/2019
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National security adviser "very concerned" about possible war crimes in Syria during Turkish offensive, CBS News, 10/11/2019
https://www.cbsnews.com/news/national-security-adviser-robert-obrien-very-concerned-war-crimes-syria-turkish-offensive-face-the-nation/
Turkey-Backed Rebels Who Filmed Gruesome Executions on Their Phones Accused of ’Blatant War Crimes’, VICE, 25/10/2019
https://www.vice.com/en_us/article/wjwkaq/turkey-backed-rebels-who-filmed-gruesome-executions-on-their-phones-accused-of-blatant-war-crimes
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