ENTRETIEN AVEC JEAN MARCOU, TITULAIRE DE LA CHAIRE
MÉDITERRANÉE-MOYEN-ORIENT DE SCIENCES PO GRENOBLE, À PROPOS DE L’INTERVENTION
MILITAIRE TURQUE EN SYRIE, SUR LA RIVE ORIENTALE DE L’EUPHRATE ET DE SES SUITES
(OCTOBRE 2019)
ARTICLE PUBLIÉ LE 21/10/2019
ARTICLE PUBLIÉ LE 21/10/2019
Questions d’Anne-Lucie
Chaigne-Oudin
Jean Marcou est
actuellement Professeur des Universités à l’IEP de Grenoble (France) après
avoir été pensionnaire scientifique à l’Institut Français d’Études Anatoliennes
d’Istanbul où il a dirigé, de 2006 à 2010, l’Observatoire de la Vie Politique
Turque (OVIPOT – http://ovipot.hypotheses.org/). Il a été aussi
directeur de la Section francophone de la Faculté d’Économie et de Sciences
Politiques de l’Université du Caire (Égypte), entre 2000 et 2006.
A l’IEP de Grenoble, il est directeur des relations internationales et dirige également le Master « Intégration et Mutations en Méditerranée et au Moyen-Orient. » Ses principaux champs d’enseignement et de recherche concernent la vie politique turque (Constitutions, élections et partis politiques…), les transitions politiques dans le sud de l’Europe, l’Union européenne, et l’évolution des équilibres politiques au Moyen-Orient (vue notamment au travers de la politique étrangère turque).
A l’IEP de Grenoble, il est directeur des relations internationales et dirige également le Master « Intégration et Mutations en Méditerranée et au Moyen-Orient. » Ses principaux champs d’enseignement et de recherche concernent la vie politique turque (Constitutions, élections et partis politiques…), les transitions politiques dans le sud de l’Europe, l’Union européenne, et l’évolution des équilibres politiques au Moyen-Orient (vue notamment au travers de la politique étrangère turque).
La Turquie a lancé
l’opération "Source de Paix" (Barış pınarı hareketi) contre le PKK en
Syrie. Pourquoi cette opération contre le PKK, au nord de la Syrie ?
Il
serait plus exact de dire que la Turquie a lancé cette opération contre le PYD
(Partiya Yekîtiya Demokrat, Parti d’union démocratique) et affronte sur
le plan militaire les FDS (Forces démocratiques syriennes), dont le fer de
lance est constitué par les milices kurdes YPG (Yekîneyên Parastina Gel,
Unités de protection du peuple). Mais il est vrai que la Turquie assimile
toutes ces organisations au PKK (Partiya Karkerên Kurdistan, Parti des
travailleurs du Kurdistan), en considérant qu’elles constituent "sa
branche syrienne". Et il est non moins vrai que les relations entre le PKK
de Turquie, le PYD de Syrie et le PJAK (Partiya Jinaya Azad a Kurdistanê, Parti
pour une vie libre au Kurdistan) d’Iran existent, ces organisations formant la
seule réelle mouvance politique transnationale kurde importante.
En
réalité, c’est la troisième opération militaire que l’armée turque conduit dans
le nord de la Syrie, en l’espace de trois ans. La première, en août 2016,
dénommée "Bouclier de l’Euphrate" (Fırat Kalkanı Operasyonu),
conduite sur la rive occidentale de l’Euphrate, notamment à partir de Jarablous,
avait chassé Daech (déjà sur le déclin) de la frontière syro-turque. Mais elle
visait déjà à l’époque à prévenir une éventuelle prise de contrôle par les
Kurdes syriens de cette zone, pour réunir leur enclave d’Afrine au reste du
Rojava, sur la rive orientale de l’Euphrate. La deuxième offensive turque
déclenchée en janvier 2018, et appelée "Rameau d’olivier" (Zeytin
Dalı Operasyonu), était cette fois directement dirigée contre les milices
kurdes syriennes, et les avait obligées à se retirer de l’enclave d’Afrine.
Dans le sillage de cette opération mieux connue désormais sous le nom de
"bataille d’Afrine" et achevée à la mi-mars 2018, Recep Tayyip
Erdoğan a commencé à annoncer la conduite d’autres opérations dans la zone de
Manbij (dernier territoire tenu par les Kurdes sur la rive occidentale de
l’Euphrate) et surtout au cœur du Kurdistan syrien, sur la rive orientale de
l’Euphrate. Mais ces projets ont été bloqués par la présence de forces
spéciales américaines, aux côtés des YPG, dans les deux zones. Depuis lors, la
Turquie n’a cessé d’évoquer la présence d’un "couloir de terreur" sur
sa frontière, en particulier sur la rive orientale de l’Euphrate, menaçant de
recourir à une nouvelle intervention militaire pour parvenir à ses fins. Évoquant
l’opération "Source de paix", un jour après son déclenchement, lors
d’une réunion de l’AKP (1), Recep Tayyip Erdoğan déclarait ainsi :
"L’objectif de notre opération est d’éviter l’établissement d’un État
terroriste dans le sud". Cette obstination s’inscrit dans une position qui
en fait a toujours été celle d’Ankara, dans la crise syrienne.
Dès l’été 2012, lorsque Bachar el-Assad, alors
aux abois, a évacué le nord-est de la Syrie, laissant le champ libre aux
Kurdes, la Turquie a manifesté son inquiétude, redoutant de voir se
reconstituer la situation qui prévalait avant 1999, époque à laquelle la
guérilla kurde du PKK, en Turquie, avait ses bases arrière en Syrie. Dans une
large mesure, la position turque dans le conflit syrien se comprend en ayant à
l’esprit cette obsession permanente. En 2014-2015, lorsque Daech est parti à
l’assaut du Rojava, la Turquie a refusé d’intervenir, en renvoyant dos-à-dos
les deux protagonistes, estimant qu’il s’agissait de deux organisations
"terroristes". Ce comportement, qui avait exaspéré l’administration
Obama, a toutefois mis la Turquie à l’écart, pour un temps, du conflit syrien,
tandis que les Kurdes devenaient le bras armé des Occidentaux, sur le terrain,
pour combattre l’État islamique. Mais en 2016-2017, les Turcs se sont retrouvés
avec des Kurdes encore plus forts en Syrie, car ces derniers s’étaient rendus
maîtres de tout le nord-est de la Syrie, en s’attirant de surcroit une large
sympathie internationale pour avoir combattu et défait l’État islamique.
Depuis, la Turquie s’est employée à réagir à
cette situation par des opérations militaires et des pressions diplomatiques
incessantes sur les États-Unis, accusés de soutenir "un mouvement
terroriste", plutôt que leurs alliés turcs. Force est de constater qu’elle
est en partie arrivée à ses fins, puisqu’elle s’est installée sur la rive
occidentale de l’Euphrate, en chassant les Kurdes d’Afrine, et qu’elle a
obtenu, le 17 octobre 2019, un premier retrait des YPG sur la rive orientale de
l’Euphrate, avec cette opération "Source de paix". Il faut voir qu’en
outre, cette stratégie l’amène à prendre possession de territoires importants
dans le nord de la Syrie, ce qui lui permettra de peser dans le règlement final
du conflit, et notamment d’empêcher ou de gêner une reconnaissance éventuelle
de droits aux Kurdes, dans la nouvelle Syrie.
En dernier lieu, outre ces causes stratégiques,
il ne faut pas oublier que cette troisième opération militaire turque en Syrie
a aussi des raisons domestiques. Recep Tayyip Erdoğan n’a cessé, depuis le début
de l’offensive, de clamer sa volonté d’envoyer, dans la nouvelle zone conquise,
une partie des réfugiés syriens qui se trouvent actuellement dans son pays
(jusqu’à 2 millions !). Cet argument a bien sûr une dimension
légitimatrice évidente. Dans un article publié dans le Wall Street Journal le
14 octobre 2019 (2), le président turc affirme qu’en menant cette offensive
militaire, "la Turquie fait face là où les autres ont échoué",
rappelant que son pays a accueilli 3,6 millions de réfugiés, que cela lui a
coûté 40 milliards de $, et expliquant que la présence des milices kurdes sur
la rive orientale de l’Euphrate empêcherait le retour de ces réfugiés (y
compris 300 000 Kurdes). Il reste qu’en dehors d’une argumentation
légitimatrice qui confine à la propagande, les propos du président turc
touchent ici à une question de politique intérieure sensible. Au cours des
derniers mois, l’intégration des réfugiés syriens en Turquie est devenue un
thème majeur et récurrent du débat politique. Et il y a tout lieu de penser que
ce phénomène a fait perdre des voix au parti au pouvoir, lors des dernières
élections municipales, à l’occasion desquelles l’opposition a pris le contrôle
de 6 des 10 plus grandes villes du pays, dont Istanbul où le président turc a
subi un véritable camouflet (3).
Pouvez-vous revenir brièvement sur les
relations entre la Turquie et les Kurdes du PKK ?
Créé en 1978 par Abdullah Öcalan, le PKK mène en
Turquie depuis 1984 une guérilla qui a parfois été interrompue par des
cessez-le-feu, voire par des tentatives de règlement politique. Formé à
l’origine sur le modèle des mouvements marxistes-léninistes de libération
nationale des années 1960-1970, il demande aujourd’hui une autonomie pour les
Kurdes dans les États où ils vivent, tout en se revendiquant d’un
"confédéralisme démocratique", prônant notamment une sorte de
"municipalisme libertaire". Il faut rappeler, qu’avant de s’allier
avec l’extrême-droite en 2017, l’AKP a lancé trois tentatives de règlement
politique de la question kurde ("l’ouverture démocratique", en 2009,
"le processus d’Oslo", en 2010, et "le processus de paix",
entre 2012 et 2015). La dernière tentative a notamment fortement impliqué
Abdullah Öcalan (le leader du PPK qui purge une peine de prison à vie, sur
l’île d’Imralı) et le HDP (parti kurde parlementaire toujours légal, en dépit
de la répression sévère qui frappe nombre de ses membres). Mais elle a échoué…
Pour prolonger votre question, il me paraît
aussi intéressant d’évoquer la relation qu’ont entretenue le gouvernement turc et
le PYD, depuis le début de la crise syrienne. En effet, avant que la Turquie ne
la désigne explicitement comme "la branche syrienne du PKK" et ne
l’affronte militairement, cette formation a eu des contacts avec le
gouvernement turc pour discuter des relations transfrontalières, voire d’un
modus vivendi. Ainsi en 2013, au moment où le gouvernement de l’AKP lançait son
"processus de paix" avec les Kurdes, l’ex-leader du PYD, Saleh
Muslim, qui était régulièrement interviewé alors par la presse turque, est venu
à plusieurs reprises à Istanbul (4), pour avoir des contacts officieux avec des
dirigeants turcs. À l’époque, certains d’entre eux semblaient disposés à
tolérer une région kurde autonome en Syrie, comparable à celle qui existe dans
le nord de l’Irak, et avec laquelle la Turquie a eu d’assez bonnes relations,
depuis une dizaine d’années.
Comment expliquer l’annonce du retrait
militaire américain et les volte-face du président Trump, en dépit de l’aide
apportée par les Kurdes, dans les opérations contre l’État islamique ?
Pour répondre de façon globale à votre question,
je pense qu’il faut d’abord rappeler que la position américaine s’inscrit dans
une volonté générale de retrait du Moyen-Orient, qui a prévalu dès la
présidence Obama. C’est d’ailleurs parce qu’ils ne voulaient pas s’impliquer
militairement sur le terrain et souhaitaient se contenter de frappes aériennes,
que les États-Unis ont eu recours aux YPG, au sol. Mais il est certain que le
président Obama n’aurait jamais lâché les Kurdes, comme l’a fait Donald Trump,
et qu’en tout cas, jamais on aurait assisté à la cacophonie et à la gabegie
extrêmes, qui ont marqué la position américaine, au cours des dernières
semaines.
Cette confusion est à rechercher dans une
transformation inquiétante du système américain et du mode d’élaboration de la
politique étrangère des États-Unis. Cette évolution voit le président agir par
instinct, sans vraiment écouter ses conseillers, et ce pour satisfaire
cyniquement des intérêts politiques ou électoraux immédiats, voire des intérêts
purement personnels. On avait déjà eu droit au même scénario, en décembre 2018.
Donald Trump avait alors annoncé de façon similaire le retrait des forces
spéciales américaines du Rojava, mais finalement, du fait de la résistance du
Pentagone, la portée de ce retrait avait été limitée. Tous ces événements (ceux
de 2018, comme ceux de 2019) se sont inscrits dans un contexte où la Turquie
n’a cessé de négocier avec les États-Unis pour obtenir leur départ, afin de
pouvoir lancer une opération militaire contre les Kurdes et arracher à ceux-ci
leurs dernières possessions territoriales. Loin de s’opposer à ces pressions
turques, force est de constater que les États-Unis se sont laissés entrainer
dans la spirale du désengagement. Il n’est que d’observer, pour s’en
convaincre, que Washington a négocié avec Ankara la constitution de zones de
sécurité sous contrôle conjoint turco-américain, à Manbij (en juin 2018), puis
sur la rive orientale de l’Euphrate (en juillet 2019). Mais ces dispositifs
n’ont pas fonctionné et Trump, à la recherche du soutien immédiat de l’Amérique
profonde pour enrayer la dégradation accélérée de sa position politique
intérieure, a annoncé un nouveau retrait, réel cette fois, qui a ouvert la voie
à une intervention militaire turque.
La volte-face, qui a vu le président américain
dépêcher son vice-président, Mike Pence, et son secrétaire d’État, Mike Pompeo,
en Turquie, pour négocier une suspension de l’opération "Source de
paix", tient au scandale provoqué aux États-Unis. La décision
présidentielle de retrait et l’offensive turque corrélative ont en effet été
vertement dénoncées, même dans des milieux conservateurs du parti républicain,
et douloureusement vécues par la plupart des militaires, évoquant "une
trahison", voire "une honte". Du jamais vu dans les
annales ! Dans le Rojava, les soldats américains, qui se retirent,
arborent même ostensiblement les écussons des YPG sur leurs uniformes, en signe
de solidarité.
Plus généralement, à l’occasion de ce fiasco,
les États-Unis ont perdu le peu de crédibilité qu’il leur restait au
Moyen-Orient, après le transfert de leur ambassade à Jérusalem. Il n’est pas
sûr que la suspension de l’opération militaire turque qu’ils ont obtenue, le 17
octobre, leur rende une maitrise du jeu, tant la Russie, peu impliquée dans
cette affaire jusqu’à présent, mais malgré tout très présente dans le conflit
syrien et dans la région, semble prête à ramasser la mise.
Pourquoi le président Bachar el-Assad
laisse-t-il la Turquie intervenir militairement en Syrie ?
Il est vrai que,
contrairement aux précédentes interventions, le régime syrien a protesté
mollement. Il ne s’agit pas pour lui de souscrire à l’occupation de son
territoire par la Turquie, mais pour l’heure plutôt d’essayer de tirer parti de
la situation nouvelle, créée par l’intervention militaire turque. Celle-ci, en
effet, en affaiblissant les Kurdes, porte atteinte au dernier acteur du conflit
syrien qui, dans le cadre d’un règlement définitif de la crise, pouvait
négocier en position de force, disposant d’un territoire conséquent et de
troupes aguerries. Désormais, même si l’opération turque s’arrête, les Kurdes
seront dans une situation précaire. Ceci place le régime syrien et ses alliés
en position de profiter de cette intervention turque. L’Iran a certes toujours
manifesté sa réticence, voire son hostilité aux incursions de l’armée turque en
Syrie, mais la Russie s’est montrée beaucoup plus souple sur la question. Tout
au moins, dans un premier temps. À plusieurs reprises, avant (5) et après (6) le
déclenchement de l’opération "Source de paix", Moscou a dit
"comprendre l’inquiétude" de la Turquie et a reconnu "son droit
à se protéger du terrorisme" (7). Il ne faut pas oublier qu’en dépit de
leurs positionnements différents dans la crise syrienne, les deux pays ont
esquissé plusieurs rapprochements spectaculaires, au cours des dernières
années, sur les plans politique, économique, énergétique et militaire. Il reste
qu’il est probable que la Russie n’entend pas laisser la Turquie s’installer
durablement dans le nord de la Syrie. Dans la perspective d’un règlement final,
le devenir des territoires dont l’armée turque a pris le contrôle dans le nord
de la Syrie, du fait des opérations qu’elle a conduites depuis 2016, se posera
inéluctablement, comme d’ailleurs le problème de sa présence dans l’enclave d’Idlib, où en vertu du processus d’Astana, elle
exerce une fonction de force d’interposition, qui est régulièrement remise en
cause par Moscou et par Damas.
Un autre silence, en
dehors de celui de Damas, mérite d’être mentionné, celui du gouvernement
régional kurde d’Irak du nord, qui après la brouille avec Ankara, provoquée par
sa déclaration d’indépendance en 2017, a spectaculairement rétabli ses
relations avec la Turquie, et n’entend pas, semble-t-il, risquer de
compromettre ce rapprochement, alors même que se poursuit parallèlement dans le
nord de l’Irak, depuis l’été, l’opération Pence, une autre action
militaire turque contre le PKK, que tout le monde semble avoir oublié
actuellement.
L’opération « Source de paix » et le
retrait américain pourraient-ils avoir pour conséquence de permettre un retour
de l’État islamique ?
L’affaiblissement du
vainqueur de l’État islamique sur le terrain, et le sort incertain des camps où
se trouvent les prisonniers djihadistes et leurs proches ont bien sûr ému
l’opinion, et il est sûr que l’offensive militaire turque sur la rive orientale
de l’Euphrate risque d’ébranler la vigilance qui est nécessaire en la matière.
Toutefois, force est de constater que l’État islamique n’a pas attendu ces
événements pour montrer qu’il avait survécu à ses défaites, notamment en
Irak, comme l’explique un récent numéro de la revue Diplomatie (8) et plusieurs
autres contributions (9). Dans un mouvement non dénué de préoccupations
légitimatrices, les États-Unis ont annoncé que les troupes spéciales qui ont
été retirées en Syrie vont aller combattre l’État islamique en Irak. On se
permettra de penser qu’en l’occurrence cette manière de déshabiller Paul pour
habiller Pierre n’augure rien de bon.
Notes :
(1) http://www.hurriyetdailynews.com/109-terrorists-neutralized-in-operation-peace-spring-erdogan-147355
(2) https://www.wsj.com/articles/turkey-is-stepping-up-where-others-fail-to-act-11571093850?mod=searchresults&page=2&pos=5
(3) https://theconversation.com/istanbul-les-premieres-lecons-de-la-double-victoire-dekrem-imamoglu-119802
(4) http://www.hurriyetdailynews.com/pyd-leader-arrives-in-turkey-for-two-day-talks-report-51439
(5) http://www.hurriyetdailynews.com/turkey-has-right-to-protect-itself-from-terror-kremlin-spokesperson-147091
(6) http://www.hurriyetdailynews.com/russia-understands-turkeys-border-security-concerns-says-russian-fm-147353
(7) http://www.hurriyetdailynews.com/turkey-has-right-to-protect-itself-from-terror-kremlin-spokesperson-147091
(8) https://www.areion24.news/produit/diplomatie-n-99/
(9) https://www.al-monitor.com/pulse/originals/2019/09/pentagon-fear-islamic-state-iraq-kurdistan-region.html
(1) http://www.hurriyetdailynews.com/109-terrorists-neutralized-in-operation-peace-spring-erdogan-147355
(2) https://www.wsj.com/articles/turkey-is-stepping-up-where-others-fail-to-act-11571093850?mod=searchresults&page=2&pos=5
(3) https://theconversation.com/istanbul-les-premieres-lecons-de-la-double-victoire-dekrem-imamoglu-119802
(4) http://www.hurriyetdailynews.com/pyd-leader-arrives-in-turkey-for-two-day-talks-report-51439
(5) http://www.hurriyetdailynews.com/turkey-has-right-to-protect-itself-from-terror-kremlin-spokesperson-147091
(6) http://www.hurriyetdailynews.com/russia-understands-turkeys-border-security-concerns-says-russian-fm-147353
(7) http://www.hurriyetdailynews.com/turkey-has-right-to-protect-itself-from-terror-kremlin-spokesperson-147091
(8) https://www.areion24.news/produit/diplomatie-n-99/
(9) https://www.al-monitor.com/pulse/originals/2019/09/pentagon-fear-islamic-state-iraq-kurdistan-region.html
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