dimanche 30 juin 2019

Γιατί ξεχασμένα βασίλεια; Χιττίτες και Αραμαίοι στο Μουσείο του Λούβρου


ENTRETIEN AVEC VINCENT BLANCHARD, COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION « ROYAUMES OUBLIÉS. DE L’EMPIRE HITTITE AUX ARAMÉENS » AU MUSÉE DU LOUVRE
ARTICLE PUBLIÉ LE 25/06/2019

Propos recueillis par Claire Pilidjian
Vincent Blanchard est conservateur des collections d’Anatolie et de l’Antiquité tardive en Syrie au département des Antiquités orientales du musée du Louvre. Spécialiste des royaumes néo-hittites, il est le commissaire de l’exposition « Royaumes oubliés. De l’empire hittite aux Araméens » au musée du Louvre (jusqu’au 12 août 2019).

Pourquoi cette exposition ?

Tout est parti d’un projet avec le Pergamonmuseum à Berlin d’exposer au Louvre la collection de Tell Halaf, restaurée entre 2001 et 2010. Ce premier projet n’avait finalement pas abouti. En 2013, lorsque je suis arrivé au Louvre, la directrice du département des Antiquités orientales m’a confié la reprise de ce projet. Toutefois, je souhaitais faire autre chose que ce qui avait été proposé au Pergamon et exposé à Berlin en 2011 et à Bohn en 2014. Spécialiste de la culture néo-hittite, j’ai choisi d’exposer la collection de Tell Halaf dans son contexte culturel et historique. En effet, Tell Halaf était la capitale d’un royaume araméen. Nous avons donc voulu retracer l’histoire de ces royaumes néo-hittites et araméens.

Pourquoi avoir intitulé l’exposition « Royaumes oubliés » ?

Il s’agit d’un pan de l’histoire du Proche-Orient que l’on ne connaît absolument pas. Les Hittites sont peut-être un peu plus connus ; quant aux Assyriens, la Mésopotamie, l’Égypte, on en entend davantage parler. Mais ces petits royaumes, qui se sont établis entre 1 100 et 700 av. J.-C., sont les grands oubliés de l’histoire du Proche-Orient antique. L’idée de l’exposition est de faire redécouvrir ces royaumes oubliés.

Fouille du site de Tell Halaf © Fondation Max Freiherr von Oppenheim, Rheinisch-Westfälisches Wirtschaftsarchiv, Cologne.

En quoi cette exposition a-t-elle particulièrement sa place au Louvre ?

Je voulais faire découvrir au public des choses qu’il ne connaît pas forcément, et notamment des royaumes qui ont laissé des vestiges incroyables : des statues monumentales, de grands décors sculptés, qui sont finalement méconnus alors qu’ils ont un grand intérêt, autant du point de vue artistique que de l’histoire des cultures du Proche-Orient. C’est bien la mission d’un musée comme le Louvre de faire découvrir au public d’autres civilisations que celles qu’il connaît déjà : l’histoire de l’Égypte, notamment, ou la grande culture assyrienne. C’est bien le rôle du musée du Louvre de porter à la lumière des collections du département des Antiquités orientales dont les recherches sont récentes et qui restent à défricher…

Comment les pièces ont-elles été réunies ? De quels principaux musées sont-elles issues ?

Le plus grand prêteur est le Louvre lui-même. En effet, sur les trois cents objets de l’exposition, cent vingt proviennent des collections du Louvre. Ces pièces sont issues de fouilles d’archéologues français, mais certains objets ont été achetés entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle.
Plusieurs musées internationaux nous ont fait l’honneur de prêt d’objets exceptionnels : les plus monumentaux, néanmoins, restent ceux du Pergamonmuseum de Berlin, avec soixante pièces. Viennent ensuite le British Museum de Londres, le Metropolitan Museum de New York. De manière plus inattendue sur cette exposition, on trouve le Musée National du Danemark à Copenhague ; les Danois ont fouillé un site araméen, la Hama, le long de l’Oronte, en Syrie. Une partie du matériel de recherche est demeurée en Syrie lors du partage de fouilles, et l’autre partie a été transportée au Danemark. C’est ainsi qu’ils nous ont prêtés une trentaine de pièces. Quelques musées américains ont aussi contribué : Boston, Baltimore, Cleveland ou encore Chicago. Enfin, on peut citer le Bible Land Museum de Jérusalem, l’Ashmolean Museum d’Oxford ainsi que le musée de Karlsruhe en Allemagne.

18-Tell Halaf, Pergamon museum © BPK

Aujourd’hui, des recherches archéologiques sont-elles menées dans la région pour trouver des vestiges ?

La plupart des sites évoqués dans l’exposition ont été fouillés entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. Mais sur beaucoup de ces sites, les fouilles ont repris à partir des années 2000. C’est le cas des sites de Karkemish ou de Tell Halaf. Des équipes internationales les fouillent actuellement. Évidemment, les équipes du Pergamonmuseum avaient refouillé sur le site de Tell Halaf jusqu’en 2011 ; mais comme ce site est localisé en Syrie, la fouille a été interrompue par l’éclatement de la guerre. En revanche, les sites localisés en Turquie – certes près de la frontière syrienne – sont fouillés actuellement.

Pensez-vous que le contexte politique de la région (une partie des ruines étant située au nord de la Syrie) a un impact sur les recherches ?

Cet impact est multiple. La guerre empêche la poursuite de l’activité scientifique sur les lieux. On a aussi relevé des pillages sur certains des sites – encore une fois dans la partie syrienne, la situation étant plutôt stable dans la partie turque. La guerre a également provoqué des destructions, comme sur le site d’Ayn Dara au début de l’année 2018.

Quelle est selon vous la pièce présentée la plus représentative de l’exposition ?

Il s’agirait plutôt d’un ensemble de pièces : les cinquante orthostates qui décoraient le mur sud du palais de Kapara. Il s’agit de cinquante dalles en calcaire ou en basalte aux décors fantastiques de génies, d’animaux, de divinités, de scènes de guerre ou de chasse découverts sur le palais ouest de Tell Halaf. Le tout cumulé forme un répertoire iconographique extrêmement riche qui synthétise la plupart des décors du Proche-Orient. Ces images fourmillent d’influences diverses : scènes de la vie quotidienne, représentations divines, scènes animalières, créatures fantastiques… C’est un répertoire très varié d’une très grande originalité.

22_Portrait du baron Max Von Oppenheim devant une sculpture de TellHalaf © Fondation Max Freiherr von Oppenheim Rheinisch-Westfälisches Wirtschaftsarchiv, Cologne.

Royaumes oubliés. De l’Empire hittite aux Araméens, jusqu’au 12 août 2019, au Musée du Louvre. Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 9 h à 18 h.
Commissaire de l’exposition : Vincent Blanchard, conservateur au département des Antiquités orientales, musée du Louvre.


Μοσούλη, μερικοί μήνες πριν τον Ιούνιο του 2019


Mossoul aujourd’hui, Mossoul avant-hier… Impérialisme anglo-saxon et français de toujours ?


·         Histoire
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Par Christine Cuny
C’est aux Bolcheviks que nous devons la découverte, en novembre 1917, dans les archives du ministère tsariste des Affaires étrangères, d’un document secret qui, rendu rapidement public, faisait état, comme nous l’indique William Engdahl, d’un… « plan des grandes puissances [la Grande-Bretagne et la France] visant au dépeçage de l’ensemble de l’Empire ottoman après la guerre, pour en distribuer les meilleures parts aux vainqueurs. Le détail en avait été mis au point en février 1916 et secrètement ratifié par les gouvernements respectifs en mai 1916. Le monde dans son ensemble ne savait rien de cette occulte diplomatie de guerre. »
Selon le même auteur, ce document, préparé du côté britannique par sir Mark Sykes, le conseil en Affaires orientales du secrétaire d’État à la guerre, lord Kitchener… « prévoyait de garantir l’assentiment français face à un détournement massif des forces britanniques du théâtre d’opération européen vers le Moyen-Orient. Pour arracher cette concession française, Sykes avait été autorisé à promettre pour l’après-guerre, des concessions notables dans la portion arabe de l’Empire ottoman à Georges Picot, le négociateur français ancien consul général à Beyrouth. »
En guise de remerciement pour sa bonne volonté, il était ainsi prévu que la France prenne… « le contrôle effectif de ce qui était appelé la ‘zone A’, englobant la grande Syrie (Syrie et Liban), les villes principales de l’intérieur, Alep, Hama, Homs et Damas, de même que Mossoul, ville riche en pétrole du Nord-Est et aussi les concessions alors détenues par la Deutsche Bank par le biais de la Turkish Petroleum Gesellschaft. »
Tiens, tiens … il ne s’agissait donc pas seulement d’en finir avec la « barbarie » allemande…
Pour ce qui la concerne, Sa Majesté la Grande-Bretagne s’attribuait, en vertu du même accord, le contrôle de… « la ‘zone B’ située au Sud-Est de la région contrôlée par la France, dans ce qui est aujourd’hui la Jordanie et à l’est, l’essentiel de l’Irak et du Koweït, y compris Bassorah et Bagdad. Plus encore, [elle] récupérait les ports de Haïfa et de Saint-Jean-d’Acre ainsi que le droit de créer une voie de chemin de fer depuis Haïfa, à travers la zone française jusqu’à Bagdad et de l’utiliser pour le transport de ses troupes. »
Nous avons ici une preuve de la singulière capacité qu’ont les puissances occidentales, dès lors qu’elles sont menées par les grands intérêts économiques et financiers, de se manger le nez les unes-les autres, tout en pratiquant avec une extraordinaire élasticité, le copinage crapuleux sitôt qu’il s’agit de s’attaquer à des peuples sans défense qui possèdent les richesses qu’elles convoitent.
Et pour mieux dissimuler leurs buts secrets, rien de plus simple alors de proclamer à la face du monde, en guise de justification de leurs « interventions », qu’elles sont chargées d’une « mission sacrée de civilisation », laquelle  n’est en réalité invoquée que pour mieux dissimuler le pire… Ce qui n’empêchera pas qu’en 1919, elle figure noir sur blanc dans le fameux (et infâme) « Traité de Versailles », et plus précisément, dans l’article 22 du « Pacte de la Société des Nations».
Une Société des Nations, ancêtre de notre actuelle Organisation des Nations Unies, qui faillirait lamentablement à sa mission, car sa création aurait pour résultat, plutôt que de l’empêcher, de cautionner et de légitimer la prise de contrôle, par une bande de vautours, des territoires jadis dépendants de l’ex-Empire Ottoman, qui avait désormais vécu. Pour ce qui la concerne, la France n’aurait pas à se plaindre des concessions faites par son Altesse, la Grande Bretagne, à l’égard de son ex « ennemie héréditaire » puisque, comme le rappelle William Engdahl… « ce contrôle français reconnaissait formellement une soi-disant ‘indépendance’ des Arabes vis-à-vis de la Turquie sous l’égide d’un ‘protectorat’ français. »
Bien que les conséquences de la guerre aient été effroyables pour la France – avec 1 500 000 soldats tués et 2 600 000 autres gravement blessés, sans compter les divers dommages collatéraux dont, soit dit en passant, il est rarement fait mention, la France, désormais bénéficiaire de la création de nouveaux États comme la Syrie et le Liban, protesterait bien peu face au comportement de son amie et alliée qui, en 1915, n’avait pourtant pas hésité à la lâcher – laissant les soldats français et allemands s’écharper dans des combats effroyables – pour opérer un engagement extraordinaire de ses ressources en hommes et en matériels vers les confins de la méditerranée et du golfe Persique. Selon ce que nous en dit William Engdahl, la justification de ce changement de front alors avancée par la Grande Bretagne avait été la nécessité de renforcer les … « capacités de combat de la Russie contre les puissances centrales, ce qui devait permettre d’exporter le blé russe à travers les Dardanelles vers l’Europe occidentale, où la demande en était pressante. »
Dardanelles 20190227Or, cela n’était pas tout à fait exact, puisque la bataille des Dardanelles, – qui en plus d’être désastreuse (on dénombrera plus de 400 000 morts), sera un échec cuisant pour les Alliés… « avait été entreprise pour sécuriser l’approvisionnement pétrolier en provenance des champ pétrolifères russes de Bakou pour soutenir l’effort de guerre anglo-français. Le sultan ottoman avait en effet décrété l’embargo sur les navires transportant du pétrole russe via les Dardanelles. » Cette excuse tenait en outre d’autant moins qu’après 1918, la Grande-Bretagne continua de maintenir près d’un million de soldats stationnés à travers le Moyen-Orient. Au point que dès 1919, le golfe Persique avait pu être qualifié de « lac britannique ».
Gallipoli 20190227Quant à la France, le désastre de Gallipoli lui permettrait de récupérer « les concessions pétrolières de Mossoul en plus de la reconnaissance [de ses] revendications antérieures sur le Levant » que la Grande-Bretagne, fragilisée à ce moment-là, avait été forcée de lui céder.
Sans pitié quand il s’agissait de réprimer violemment les populations sur lesquelles elle considérait exercer de plein droit sa grande « mission de civilisation », et qui osaient – oh crime de lèse-majesté ! – se rebiffer, la France n’en manifestait pas moins une singulière mansuétude devant les agissements pour le moins contestables de sa grande copine d’Outre Manche. C’est ainsi, comme nous l’apprend encore William Engdahl, que… « dès le 30 septembre 1918, [elle] s’alignait sur les conditions britanniques pour créer les ‘zones d’occupation militaire temporaire’ ». Cela signifiait que « par cet accord, les Britanniques occupaient la Palestine turque sous l’empire de ‘l’Administration des territoires ennemis occupés’, agrandissant d’autant la sphère britannique. »
Et ce n’était pas fini… Toujours selon William Engdahl… « après la fin de la guerre en Europe et reconnaissant l’impuissance française à déployer des troupes suffisantes dans les zones qui lui étaient attribuées, la Grande-Bretagne offrit généreusement d’en assurer la haute garde militaire et administrative. C’est ainsi que le général Edmund Allenby, commandant en chef de la force expéditionnaire égyptienne, devint de fait le dictateur militaire de tout le Moyen-Orient arabe, sphère française incluse. »
Cette France, qui savait si bien rappeler à ses braves « poilus » leur devoir de sacrifice pour l’Honneur de « leur » Patrie, avait donc dû, elle, ravaler à plusieurs reprises sa fierté et tout le reste face aux exigences – et, il faut bien le reconnaître, à la redoutable efficacité, de la perfide Albion : c’est qu’en échange, celle-ci avait eu la bienveillance d’un seigneur à l’égard de ses vassaux, de lui laisser quelques miettes de ses conquêtes.
De véritables pépites, en réalité, qui valaient bien (et qui vaudraient toujours) le sacrifice de millions d’hommes ?…
Christine Cuny

για τη Μοσούλη 26.6.2019


INTERVENTION DE DANIEL RONDEAU PRONONCÉE DANS LE CADRE DU COLLOQUE ORGANISÉ AU CHÂTEAU DE CHAMBORD LE 26 JUIN 2019 PAR L’UNESCO, L’UNIVERSITÉ DES NATIONS UNIES ET LE DOMAINE NATIONAL DE CHAMBORD, SUR LE THÈME DE LA RECONSTRUCTION DE MOSSOUL
ARTICLE PUBLIÉ LE 27/06/2019


Le 26 juin, s’est tenu au Château de Chambord un colloque organisé par l’UNESCO, l’Université des Nations unies et le Domaine national de Chambord, sur le thème de la reconstruction de la ville de Mossoul. Ce colloque, organisé dans le contexte du projet conduit par l’UNESCO « Faire revivre l’esprit de Mossoul », a réuni experts, journalistes, artistes.
Il s’est ouvert par l’intervention d’Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, en compagnie de Jean d’Haussonville, directeur du château de Chambord, et de David Malone, recteur de l’Université des Nations unies.
Daniel Rondeau, écrivain français, ancien ambassadeur de France auprès de l’UNESCO et élu le 6 juin 2019 à l’Académie française, est également intervenu à l’ouverture du colloque.
Le site Les clés du Moyen-Orient remercie vivement Daniel Rondeau d’avoir eu la très grande amabilité d’accepter que son intervention soit publiée dans ses colonnes.
Voici le texte de son intervention :
Madame la Directrice générale, chère Audrey Azoulay,
Monsieur le Directeur de Chambord, cher Jean d’Haussonville,
Monsieur le Recteur, cher David Malone,
Monseigneur, cher Père Najeeb,
Monsieur le Professeur, cher Dominique Charpin,
Mesdames et messieurs les Ambassadeurs, chers amis
En 1519, François 1er décide de faire construire le château de Chambord, qui devient vite la nouvelle « merveille du monde ». Situé au cœur du plus grand parc forestier d’Europe, ceint d’un mur de 32 kilomètres de long, ce joyau du patrimoine français, inscrit depuis l’an 2000 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, fête cette année le 500 éme anniversaire de sa fondation. C’est aujourd’hui encore un ensemble architectural à la beauté impressionnante, miraculeusement épargnée par le passage des siècles. Merci, cher Jean d’Haussonville, de nous accueillir dans le rêve de pierre d’un jeune roi. Mossoul à Chambord, c’est une façon de faire dialoguer des univers, éventuellement les faire danser, je sais que cela ne vous déplait pas, vous qui, passionné de Schubert, avait accueilli la semaine dernière 20 000 nightclub bers pour un festival d’électro pop sur les pelouses de François 1er.
A l’occasion de ce jubilé, l’Unesco, le Domaine national de Chambord et l’Université des Nations unies ont décidé de s’associer et d’inviter dans l’écrin préservé du château de François 1er les hommes et les femmes qui, à Mossoul (l’ancienne Ninive), se battent pour relever les monuments et les bibliothèques détruites par l’Etat islamique, consoler les cœurs blessés et faire vivre la liberté dans leur pays.
La Mésopotamie, le pays entre les fleuves, c’est là que les Sumériens, écrit l’écrivain britannique Wilfred Thesiger, « avaient fondé leurs cités, sur les sites des anciens villages enfouis sous des épaisseurs de limon et qui furent ainsi à l’origine de ce qui a peut-être été la première civilisation du monde ». Je cite Thesiger, car il avait eu très tôt conscience d’être entré dans des univers millénaires dont la mémoire et le mode de vie étaient menacés. Wilfred Thesiger est toujours resté, dit de lui l’écrivain Bruce Chatwin, « le gentleman explorateur anglais. Mais la forme d’ascétisme qu’il a pratiquée pendant plus de cinquante ans, le place dans une autre catégorie de voyageurs : les Pères du désert, les pèlerins irlandais, les fakirs, les vagabonds célestes de l’Inde ou les esprits comme le poète Li Bo qui voyageait pour découvrir le grand calme qui est peut-être l’équivalent de la paix de Dieu ».
L’Irlande, l’Inde, la Chine ….

De gauche à droite : Daniel Rondeau, le directeur de Chambord Jean d’Haussonville, la Directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay et Monseigneur Najeeb Michael
« Nous ne sommes pas seuls », expliquait déjà aux Grecs Hérodote, le père de l’Histoire, plusieurs siècles avant notre ère. « Nous ne sommes pas seuls », répètera Aristote à son jeune élève Alexandre quand il s’élancera vers l’Asie pour faire l’inventaire du monde. Mossoul à Chambord, c’est une façon pour nous de répéter avec force la leçon d’Hérodote, dans la lignée de l’appel lancé par l’UNESCO pour la Nubie en 1960. Nous ne sommes pas seuls !
André Malraux avait alors souligné l’importance symbolique du sauvetage des temples de Haute Egypte. Cet héritage venu des Sumériens irrigue dans notre temps des forces anciennes : esprit et liberté, qui ont inspiré l’initiative phare de l’UNESCO, initiée par Audrey Azoulay, Faire revivre l’esprit de Mossoul (et notamment la reconstruction de la Mosquée Al-Nouri, monument symbole à la fois du rôle de carrefour de cultures que la ville de Mossoul a joué dans l’histoire et de sa chute, suite à sa destruction par l’ l’Etat islamique).
Chacun le sait, des organisations islamistes, sous des drapeaux variables, ont imprimé pendant plusieurs années leur tempo à l’actualité de la planète et fait régner la terreur sur les populations de pays où, pendant des siècles, avaient prospéré de brillantes civilisations. Tout ce qui témoigne du génie de l’homme et de sa transcendance a pu se retrouver sous leur menace.
A Nimrud, l’Etat islamiste a envoyé ses bulldozers contre les monuments de l’ancienne capitale assyrienne. A Hatra, l’Etat islamique a mis en scène ses combattants s’attaquant à l’ancienne cité parthe. A Ninive, il a détruit la mosquée et le mausolée du prophète Jonas. A Mossoul, il a organisé l’un des plus grands autodafés de l’Histoire.
« Nous aussi, nous avions dans notre couvent de Mossoul, me l’avait dit Najeeb Michael, père dominicain irakien, nouvel archevêque de Mossoul, des manuscrits sur toutes les religions du Moyen-Orient, plus de 40 000 livres imprimés, des incunables. Le couvent a été attaqué par des fondamentalistes, et nous avons été obligés de quitter Mossoul en 2007 pour Qaraqosh. Nous avons organisé le déménagement, c’était énorme, pendant six mois, dans la discrétion la plus totale, avec des voitures particulières conduites par des amis. A Qaraqosh, nous avons numérisé les archives et les manuscrits. Puis nous avons vécu un deuxième exode, le 25 juillet 2014, de Qaraqosh vers Erbil ».
Cette politique de la terre brûlée dans le Croissant fertile n’a épargné bien sûr ni les églises, ni les synagogues, ni les mosquées. La contagion de la haine ne connait pas de frontières. La Libye à son tour est contaminée ; destructions de mosquées et de madrasas, pillages de sites prestigieux. Ces saccages, ces vols qui alimentent des trafics illicites, s’inscrivaient et s’inscrivent encore dans une stratégie de nettoyage culturel extrêmement réfléchie et d’une rare violence, dénoncée en son temps par l’UNESCO. Nettoyage déjà à l’œuvre à Bamiyan, quand les statues des bouddhas géants avaient été détruites en mars 2001 par les talibans et à Tombouctou, en juin 2012.
Le monde avait sursauté en apprenant les destructions des mausolées, ces tombes éventrées. Je rappelle que Tombouctou a été l’une des grandes cités spirituelles de l’Afrique et que le savoir accumulé à Alexandrie aux premiers siècles de notre ère avait rayonné jusque dans ses murs. Avec mes camarades ambassadeurs de la présidente du Comité du Patrimoine, Eleonora Mitrofanova, nous avions alors lancé de Saint-Pétersbourg un appel pour protéger Tombouctou, lieu sacré de l’histoire africaine. Depuis l’engagement de l’UNESCO a permis de relever les mausolées et de numériser les manuscrits. Madame la Directrice générale, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, vos combats, nos combats, ne sont pas toujours vains
Il faut préciser que les djihadistes n’ont rien inventé. La volonté de tabula rasa est le sceau de tous les régimes totalitaires. Les trésors du passé les insupportent car ils irriguent dans notre temps des forces anciennes : esprit et liberté. Le patrimoine témoigne de la constance des hommes au milieu de leurs errances. Le patrimoine irradie : rayonnement identitaire, historique, spirituel. Et rayonnement prophétique. Car l’avenir est toujours inscrit dans le passé. La mémoire historique est un enjeu fondamental. Elle nous fait entrer dans la complexité du présent.
« La mémoire des peuples, écrivait Albert Camus, s’envole à la vitesse même où marche l’Histoire ». Le saccage du patrimoine lobotomise les peuples en les privant d’une part de cette mémoire déjà si fragile et volatile.
L’homme déquillé, privé de la joie prophétique du passé, est catapulté vers l’imperium de l’instant. Pris dans un maelstrom qui mêle le vrai et le faux, le tragique, le mièvre, l’obscène, le mort et le vif, un fleuve puissant dont les eaux se renouvellent mécaniquement en permanence mais qui n’a ni source ni rivage, l’homme dérive, il flotte, sans retrouver son visage sur ce miroir qu’aucune terre ne contient, il oublie qui il est, ne sait plus où il va et se détourne de la vie.
Dans ces conditions, il devient pour nous tous assez difficile de se mettre en règle avec nous-mêmes. Je crois que nous en avons tous conscience. C’est pourquoi nous sommes rassemblés ici, à Chambord, aujourd’hui. Et si nous avons tous été sidérés par l’incendie de Notre Dame, le 16 avril dernier, c’est parce que Notre Dame de Paris faisait vivre en chacun de nous une part essentielle de la mémoire du monde et que chacun de nous découvrait soudainement, devant l’ampleur précipitée du brasier, la précarité de cette mémoire.
Lascaux, Mossoul, Tombouctou, Palmyre, Carthage, Notre Dame. Nous avons en charge les biens que nous recevons à chaque génération en compte d’hoirie universelle, il nous revient d’en reconstruire chaque jour la vérité. Ces lieux dépassent bien sûr l’identité nationale et la communion religieuse. En 1960, André Malraux avait précisé que l’appel de l’UNESCO pour la Nubie n’appartenait pas à l’histoire de l’esprit parce qu’il voulait sauver les temples de Nubie, mais parce qu’avec lui, « la première civilisation mondiale revendiquait publiquement l’art mondial comme son indivisible héritage ».
Lobotomie collective, déracinement et terreur sont les armes de destruction massive de l’Etat islamique qui conduit avec brio sa politique d’intimidation par le crime. Car bien sûr, les victimes sont toujours les hommes. Les victimes n’ont généralement que trois solutions : apostasier, mourir ou partir. Dans le viseur des djihadistes, les chiites, les yézidis, les sunnites attachés à un Islam spirituel ou pacifique, et en cœur de cible : les chrétiens d’Orient.
Il est temps d’apprendre à nous méfier des guerres pour le bien des autres. Faut-il renoncer à croire en la Justice ? Non. S’il existe une politique enviable, c’est de vouloir faire vivre une idée de la liberté, d’exprimer une mesure et une clarté dans l’organisation du monde. Nous sommes entrés à nouveau dans un temps de déraison et de haine. Apportons lui notre raison, notre cœur et notre fraternité. Soutenons les Etats et les peuples qui sont en première ligne contre les islamistes (sans ingérence), confions des mandats fermes à l’ONU et à l’UNESCO, donnons une volonté à l’Europe, résistons avec force à ceux qui veulent nous détruire.. Nous ne sommes pas seuls, Mossoul n’est pas seul. C’est avec leur courage, qui nous saluons, et avec notre amitié que les Irakiens pourront retrouver le chemin de la liberté. Je vous remercie.
Lire également sur Les clés du Moyen-Orient :

Αστρολογία Σασσανιδών σε σχέση με το γύρω κόσμο


ASTROLOGIE SASSANIDE : APPORTS ET HÉRITAGES
ARTICLE PUBLIÉ LE 28/06/2019

Par Florence Somer Gavage
Dans le monde sassanide comme dans celui des Grecs et des Indiens, des Chinois, des Syriaques et des Yéménites avec lequel il a communiqué, l’astronomie, l’art rationnel visant à observer le ballet céleste et y appliquer les formules mathématiques nécessaires à sa compréhension s’adjoint également une dimension interprétative nécessaire au sens de son exister : l’astrologie. L’héritage des connaissances grecques et indiennes n’est néanmoins pas suffisant pour comprendre le système astrologique sassanide dont l’originalité s’articule autour des conjonctions grandes, moyennes et petites de Saturne et Jupiter ainsi que les connaissances visant à la prédiction de la venue des prophètes, des religions et des dynasties au terme de 60 ans. Cette tradition du calcul sexagésimal nous indique un héritage direct de la Mésopotamie et la Babylonie ancienne à travers le lien parthe assimilé par les Sassanides dont il conviendra de resituer l’ampleur.

Chemins, rencontres, pollinisations croisées

Suivant le fil, développé dans de précédents articles, de la transmission des histoires et des savoirs de l’Orient à l’Occident et inversement, nous allons aborder l’histoire complexe et passionnante de la diffusion des savoirs astronomiques mais surtout astrologiques de la Mésopotamie vers l’Iran ancien puis le monde islamique et latin médiéval.
Les modèles mathématiques astronomiques et les croyances astrologiques dont les Iraniens firent usage pendant la période achéménide se sont développées en Mésopotamie ; les théories planétaires, lunaires et solaires babyloniennes furent appliquées au même titre que les théories des augures astraux. Cette application de la littérature astronomique et astrologique babylonienne a perduré pendant l’époque séleucide puis parthe et sa transmission à l’Inde est attestée vers la fin du Ve siècle ou au début du IVe siècle avant Jésus-Christ. On identifie la transmission du modèle de par l’application analogique qu’elle a généré dans les civilisations avec lesquelles les connections étaient hautement probable mais, de nouveau, les savants iraniens de l’antiquité n’ont pas indiqué les emprunts auxquels ils entendaient procéder.
Il n’existe cependant pas de preuve directe qui témoignerait de l’état d’avancement de l’astronomie iranienne durant cette période. Certains documents remontant à la période parthe révèlent la qualité des études perses consacrées à l’astronomie mathématique babylonienne ainsi qu’à l’apport indien dans ce domaine, ces derniers ayant commencé à être influents. Au IIIe siècle, les premiers souverains sassanides encouragent la traduction du grec et du sanscrit des ouvrages d’astronomie et d’astrologie en pahlavi. Parmi ces textes, il y avait notamment des traités d’astrologie de Dorotheus de Sidon, Vettius Valens ainsi que l’Almageste (Syntaxis mathematike) ou le Tétrabiblos de Claude Ptolémée. D’autres traditions ont également transmis et hérité des connaissances astronomiques et astrologiques, ainsi qu’en témoigne l’historien chinois Ssŭ-ma Chien (ca. 100 B.C.), qui parlent de présages planétaires et de l’organisation de la théorie astronomique développe sous les Han.
Les influences grecques, indiennes et babyloniennes sur les théories astrologiques sassanides ont déjà été largement démontrées. Par contre, nous restons relativement ignorant des interactions et des apports des autres civilisations à la science d’interprétation du langage des astres vu comme des divinités (1). Traditions venues des quatre points cardinaux depuis la position centrale de l’empire achéménide, séleucide, parthe puis sassanide.
Caractéristiques de l’astrologie sassanide
L’Empire sassanide hérite de la tradition astronomique et astrologique en vigueur depuis l’époque babylonienne, achéménide, séleucide et parthe et des modèles assimilés par ces civilisations.
L’astrologie sassanide emprunte aux Grecs le symbolisme des 7 planètes (deux luminaires, le Soleil et la Lune), les 12 signes du zodiaque et ses représentations, le système des triplicités ou encore la « sphère du dragon » qui deviendra le falak al-jawzahr des astronomes musulmans, le cercle décrit par les deux nœuds de l’orbite lunaire, c’est-à-dire les points d’intersection entre cette orbite et l’écliptique qui fait avec elle un angle d’environ 5 degrés.
Parmi les théories de Dorotheus de Sidon et qui ont été intégrées par l’astrologie sassanide, on trouve la doctrine des périodes planétaires (trine, quartile ou opposition), l’interprétation des horoscopes que l’on trouve cités par le disciple de Dorotheus dans son Kitāb al mawālid (2).
La position géographique particulière de l’Empire sassanide en a fait le réceptacle de traditions culturelles, religieuses, scientifiques, mythologiques et séculières qui se sont mêlées aux savoirs iraniens puis y ont été incorporés et remaniés dans un but syncrétique utilitaire. L’oikouménē sassanide, entre le monde occidental et extrême-oriental, passages des routes marchandes chinoises, sogdiennes et caucasienne mais aussi indiennes, arabes ou éthiopiennes, a été fertilisée de savoirs et d’idées qui ont tantôt emporté l’engouement, tantôt fait se soulever des murs protectionnistes devant des mouvements gnostiques ou trop éloignés de la doctrine zoroastrienne qui mettaient en péril le pouvoir de ses dirigeants. Néanmoins, ces velléités protectionnistes n’ont pas toujours empêché la circulation d’idées et de concept. Et la voracité des Sassanides pour toutes formes de sciences et de connaissance comme tactique de domination impérialiste depuis au moins le règne de Šahpur Ier, a conduit à d’étranges compromis avec la doctrine religieuse zoroastrienne. Les mouvements massifs de traduction et d’échanges d’idée qui eurent lieu à Gondišapur permirent de rassembler une somme de connaissances vertigineuse dans des domaines divers (suite à la conquête islamique, les prêtres zoroastriens donneront accès à leurs sources aux califats de Bagdad perpétueront en langue arabe ces savoirs et les enrichiront encore).
Dans le domaine de l’astrologie, Antonio Panaino ou David Pingree ont démontré comment le mélange de concepts et doctrines de différentes origines, principalement associée durant le règne de Xusraw Anosirvan au 6ème siècle, a conduit à des résultats étonnants tels qu’adaptés par les principes théologiques zoroastriens ou mazdéens.
L’élargissement des connaissances scientifiques est justifié ultimement par l’idée que tout le savoir scientifique était recensé dans les livres de l’Avesta originel détruit par Alexandre et qu’il est donc naturel et essentiel que les Sassanides, héritiers de la tradition religieuse, reprennent à nouveau position d’un matériel cognitif qui lui avait été soutiré mais dont il est à l’origine. Cette tactique impérialiste permet d’estampiller toute connaissance utile, quel qu’en soit le domaine et la langue, même dans celui des jeux comme ce fut le cas pour les échecs.
L’utilisation de l’opposition des étoiles et des planètes, considérées comme démones, aux points cardinaux tel qu’on la trouve dans le Zāyč ī gēhān, l’horoscope zoroastrien du monde, est un héritage d’origine mésopotamienne ainsi qu’en attestent les tables du MULAPIN. Mais le passage dans le spectre de la doctrine astrologique zoroastrienne n’a pas été direct ; happée par l’astrologie védique, elle a ensuite continué son chemin pour finalement arriver dans le giron iranien ainsi que l’a démontré David Pingree. Mais la contradiction la plus fragrante avec la doctrine zoroastrienne se trouve sans doute dans l’essence même des théories astrologiques, nécessairement déterministes, et le libre arbitre de l’individu qui lui permet de rejoindre, de son plein gré, le combat des lieutenants d’Ahura Mazda. Dès l’introduction du Tetrabiblos, Ptolémée fait une nette distinction entre l’astronomie (dont les prévisions sont certaines) et l’astrologie (dont les prévisions sont relatives). Partant de là, il cherche ensuite à défendre une position médiane entre ceux qui jugent l’astrologie trop difficile et incompréhensible, et ceux qui jugent inutile de prévoir l’inévitable fatalité. En somme, les adversaires de l’astrologie sont des ignorants, et le fatalisme la ruine à sa base. C’est une attitude intellectuelle inédite en son temps : avant d’exposer la doctrine, Ptolémée ne la défend pas par un déterminisme absolu mais en circonscrivant « la possibilité et l’utilité d’une telle méthode de prévision ». Les Indiens ont emprunté à l’astronomie grecque et adopté l’astrologie hellénistique avant que celles-ci aient connu l’influence de Ptolémée qui « perfectionna » l’une et l’autre, du point de vue du rationalisme grec. Et l’effort synthétique des Iraniens de l’époque sassanide hérité d’un modèle philosophique inspiré d’une vision aristotélicienne de l’influence de l’environnement sur l’individu a intégré ces nuances.
L’épreuve de force consistant à interpréter la doctrine religieuse pour admettre les données scientifiques s’étend également à la médecine, la zoologie ou la botanique.
Les tables astronomiques, les Zīg sont les plus connues, car servant de modèle au Zīj arabes, furent les trois versions de la Zīg ī Šhāryārān (3). La première de ces tables astronomiques a été calculée sous Yazdegerd II (438-457) et résulte de la comparaison de l’œuvre de Ptolémée, sa Syntaxis, avec celle traduite du sanskrit en moyen-perse de l’ancien Suryasiddhanta. La seconde, la Zīg ī Arkand, a été calculée durant la grande réunion des astronomes organisée sous Xusraw Anoširvan pour la 25ème année de son règne soit en 555-556 de notre ère. Dans ce cas comme dans l’autre, les paramètres indiens ont été préférés aux grecs. Enfin la dernière a été calculée sous le dernier roi sassanide, Yazdegerd III (632-652).
La logique des idées ne suit pas les lignes droites et n’emprunte aucun raccourci, elle leurs préfèrent nettement les courbes et les détours, n’en déplaisent aux inventeurs des calculs sexagésimaux mésopotamiens qui n’auraient peut-être jamais imaginé que leur pragmatique moyen de computation serait un jour emprunté pour deviner ou relater aux puissants l’arrivée des rois, des sages et des prophètes au détriment des théories millénaristes. Le millénaire patronné par la planète démon qui a vu se concrétiser cette nième bizarrerie n’en a pourtant pas, du peu que l’on en sache, été perturbé.
Notes :
(1) Voir Panaino 1999, 183-190.
(2) Voir Kennedy and Pingree, 1971 et Pingree, 1999.
(3) Tables astronomiques des rois. Voir Panaino, 2014.
Bibliographie :
Daryaee, T., 2016, On the Explanation of Chess and Backgammon, Ancient Iran Series, Vol.2, UCI Jordan Centre for Persian Studies, Irvine.
Panaino, A., 1999. The cardinal asterisms in the sasanian uranography.dans Gyselen, R., (éd.) La Science des Cieux. Sages, mages, astrologues (Vol. 12). Peeters Publishers.
Panaino, A., 2009. Sasanian Astronomy and Astrology in the Contribution of David Pingree. Kayd. Studies in the History of Mathematics, Astronomy and Astrology in Memory of David Pingree. Rome, IsIAO, pp.73-103.
Panaino, A., 2015. Cosmologies and Astrology. The Wiley Blackwell Companion to Zoroastrianism, 68, p.235.
Pingree, D. and Kennedy, E.S., 1971. The Astrological History of Māshā˒ allāh. Cambridge, Mass.
Pingree, D. 1999, “Māshā’allāh’s(?) Arabic Translation of Dorotheus,” Res Orientales 12, 191–209.
Pingree, D., 2001. From Alexandria to Baghdād to Byzantium. The transmission of astrology. International Journal of the Classical Tradition, 8(1), pp.3-37.
Pingree, D., 2006. The Byzantine Translations of Māshā’allāh on Interrogational Astrology. The Occult Sciences in Byzantium, 29, p.231.

vendredi 28 juin 2019

Basma Zerouali, Έλληνες και Άραβες στη δίνη των καιρών: συζητώντας με τον Βάσο Λυσσαρίδη

Τρέιλερ του ψηφιακού βιβλίου «Έλληνες και Άραβες στη δίνη των καιρών: συζητώντας με τον Βάσο Λυσσαρίδη». http://ellineskaiaraves.com Ο άνθρωπος που ενσάρκωσε την ελληνοαραβική φιλία επί 70 χρόνια θυμάται. Θυμάται τα κοινά βιώματα, τους κοινούς αγώνες Ελλήνων και Αράβων στα χρόνια της ελπίδας, στα χρόνια της συμφοράς. Θυμάται τους ηγέτες που σημάδεψαν τη σύγχρονη αραβική ιστορία: Γκαμάλ Αμπντ-αλ-Νάσερ, Χάφεζ αλ-Άσαντ, Μουάμαρ αλ-Καντάφι, Γιάσερ Αραφάτ… Σε μια σειρά συζητήσεων με την ερευνήτρια Basma Zerouali, ο «παναραβικός» Βάσος Λυσσαρίδης θυμάται και αγωνιά. Αγωνιά για την παρούσα και μελλοντική πορεία των σχέσεων Ελλάδας και Κύπρου με τον Αραβικό Κόσμο, εν μέσω των πολλαπλών προκλήσεων μιας αμφιλεγόμενης «Άνοιξης».