mercredi 10 juillet 2019

Για το Ιράκ και για το Κουρδιστάν

L'impossible État irakien

L’impossible État irakien. Les Kurdes à la recherche d’un État, Adel Bakawan, L’Harmattan, 2019, 186 p., 19,50 €

Juillet 2019
Le sociologue Adel Bakawan est un universitaire à cheval entre la France et l’Irak. Dans cette synthèse, il revient sur la trajectoire du mouvement national kurde dans ses variantes laïque et islamiste. L’auteur met en lumière les spécificités propres à chaque génération, comment les acteurs nationalistes kurdes reconfigurent leur discours et leur stratégie par rapport à l’État central irakien, en passant du pankurdisme à l’autonomisme, puis au fédéralisme. L’auteur fait une grande part aux développements actuels de la question liés à l’impasse dans laquelle se trouve l’Irak, État failli et corrompu, déchiré par la violence des milices et le sectarisme de ses dirigeants. L’intérêt particulier de ce livre est qu’il se penche sur le cas des générations successives d’islamistes kurdes. Le salafisme kurde dans ses variantes quiétiste et jihadiste a connu plusieurs transformations, passant d’un discours « d’islamisation » de la question kurde, suivi à l’inverse de la « kurdistanisation » de la question islamiste. La seconde génération adhère, quant à elle, au discours d’Al-Qaïda, dont le Kurdistan d’Irak a été le fief au Moyen-Orient, marquant ainsi le passage à l’internationalisation du jihadisme sans référence kurde. L’auteur souligne l’inquiétant engouement pour Daech d’une jeunesse désœuvrée et radicalisée via les réseaux sociaux. Avec un certain recul, il montre l’échec de la formule fédérale et en définitive celle de l’État irakien, tout en soulignant les fragilités d’un Kurdistan irakien très fragmenté. Mis en place en 1921 par les Britanniques, l’État irakien, a été créé en excluant les Kurdes. Avec la chute de Saddam Hussein en 2003, ces derniers ont activement pris part à la refonte de ses institutions afin de garantir une coexistence pacifique. Situation paradoxale, à mesure que les Kurdes prennent part à la reconstruction de l’Irak, ils réaffirment leur volonté d’indépendance. Devenu un acteur incontournable dans l’échiquier national et régional, le gouvernement régional du Kurdistan irakien est un partenaire crédible pour lequel l’indépendance est une question de temps et d’opportunité. Mais derrière l’apparente prospérité liée au boom pétrolier se cachent de profondes vulnérabilités aussi bien politiques que socioéconomiques. 

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