samedi 1 avril 2017

Αμπνταλλά Λαρουί, μια μεγάλη προσωπικότητα του Μαρόκου, ανάμεσα στην ιστορία και τη λογοτεχνία

http://www.lesclesdumoyenorient.com/Abdallah-Laroui-1933.html
Abdallah Laroui est un historien et romancier marocain. Agrégé de langue et civilisation arabe, il s’est fait connaître au lendemain de la défaite arabe de 1967 contre Israël par son ouvrage L’idéologie arabe contemporaine. Sa notoriété s’affirme avec la publication d’une synthèse consacrée à l’histoire du Maghreb en 1970, puis sur des essais sur la place de l’Islam dans l’histoire et la société arabe. Il défend l’idée d’une rupture épistémologique avec l’héritage islamique et la nécessité d’embrasser les valeurs modernistes occidentales en tant que valeurs humanistes, à partir des thèses marxistes, très en vogue lorsqu’il débute son travail intellectuel dans les années 1960.

Vie et activité

Abdallah Laroui est né à Azemmour, au Maroc en 1933. Il est éduqué dans les écoles de Rabat, avant de quitter le Maroc pour la Sorbonne parisienne. Il y étudie les sciences politiques et obtient sa licence en 1956. Avant son doctorat, il reçoit en 1963 un certificat d’honneur en études islamiques puis débute sa thèse, soutenue en 1976, sur « Les fondements sociaux et culturels du nationalisme marocain : 1830-1912 » (1). Il est également agrégé de langue et civilisation arabe (2). À la suite de l’obtention du titre de docteur d’État, il rentre à Rabat où il enseigne la méthodologie de la recherche historique à la Faculté des Lettres de l’université Mohamed-V (3) jusqu’en 2000. Il est entre temps conseiller au Ministère des Affaires étrangères auprès du roi Hassan II de 1960 à 1962, et reçoit le titre de membre de l’Académie Royale du Maroc.
Dès 1964, il commence à contribuer à de nombreux magazines, en écrivant des articles concernant l’idéologie critique, l’histoire des idées et des systèmes politiques ainsi que quelques textes à caractère fictifs. Il signe alors du pseudonyme « Abdallah Alrafedy », et publie dans des revues telles la revue marocaine Aqlam (publiée à Rabat), les revues libanaises Mawaqif (Beyrouth) ou Arabic Studies (Beyrouth) ainsi que dans les revues parisiennes Les Temps modernes ou Diogène. Il écrit principalement en français et en arabe.
La défaite arabe de 1967 marque un tournant décisif dans la pensée arabe – et marocaine de surcroît. Abdallah Laroui publie cette année-là L’idéologie arabe contemporaine, en langue française. Traduit en arabe en 1970, cet ouvrage marque l’avènement philosophique critique radical d’Abdallah Laroui dans la région. Il s’impose alors comme référence en tant qu’historien et philosophe critique de l’idéologie arabe dans son rapport entre tradition et modernité. Il critique une certaine approche arabe de l’Occident, notamment de l’Europe industrialisée, idéalisée et par rapport à laquelle le monde arabe se compare ; jugeant ce raisonnement « fallacieux » (4), il s’oppose à cette idée de l’Occident comme l’« éternel autre » (5).

Principaux ouvrages

Abdallah Laroui s’est d’abord fait connaître avec la publication en 1967 de L’Idéologie arabe contemporaine. Avec cet ouvrage sont posés les jalons de sa théorie philosophique et historique : selon lui, la colonisation européenne du monde arabe a conduit à la détérioration des traditions locales, abîmées par une industrialisation désordonnée. En retraçant l’histoire de l’idéologie arabe à partir du milieu du XIXe siècle, Abdallah Laroui dresse un schéma du rapport entretenu par le monde arabe à l’Occident, perçu depuis les colonisations comme un modèle. Dans la quête d’une conscience de soi, résume Raymond Jamous, « les penseurs arabes se sont trouvés devant la conscience de l’Occident » (6), à laquelle ils ont tenté de répondre, tant sur le plan clérical (opposition du christianisme et de l’Islam), libéral (la décadence du monde arabe vient de l’oppression de l’Empire ottoman) et technophile (la politique n’est pas tout, l’Europe tire sa puissance de sa capacité matérielle). Mais pour Abdallah Laroui, ces réponses se font sur des notions dépassées par le monde occidental ; ce qui empêche le monde arabe de relever le défi de la modernité. Il estime que l’occidentalisation de la région est irréversible, mais soutient le postulat d’une unité idéologique du monde arabe. Ces réflexions critiques sur cette conception « occidentaliste » de l’Occident sont poursuivies vingt ans plus tard dans son ouvrage Islam et modernité : il y a quelques années, l’intellectuel arabe était sommé de prendre position à l’égard du marxisme, aujourd’hui c’est par rapport à l’islam qu’il doit se positionner (1986) dans lequel Abdallah Laroui propose de reposer les bases d’un dialogue entre le trinitarisme chrétien et le monothéisme musulman en se référant tant au berbère Ibn Khaldoun qu’au réformateur de l’Islam Jamal al-Dim al-Afghani. Cet ouvrage, qui fait également référence, propose de jeter de nombreux ponts d’une rive à l’autre de la Méditerranée, pour discuter tant l’orientalisme, en débat depuis Edward Saïd (L’Orientalisme, 1970) que l’occidentalisme, en proposant de nouvelles bases épistémologiques pour approfondir la réflexion. L’islam est à nouveau au cœur de ses réflexions dans Islam et Histoire : essai d’épistémologie (1999), qui reprend le texte de différentes conférences prononcées à l’Institut du Monde arabe en 1997. Il y détaille des idées déjà défendues dans un ouvrage publié en arabe quelques années auparavant, intitulé Le Concept d’histoire (7), et qui a pour objectif de déterminer la démarche historique présente dans l’islam lui-même, en en dessinant les contours à travers une analyse excluant les pratiques populaires et les interprétations orientalistes. Un ouvrage pensé avec les clercs de la religion musulmane et qui s’adresse donc d’abord aux musulmans, mais qui tente de rendre à l’islam, par-delà les traditions, sa linéarité historique. Le chercheur Jacques Waardenburg note dans son ouvrage Islam : Historical, Social and Political Perspectives (8) que Laroui, inspiré par des principes marxistes, tente d’analyser les sociétés musulmanes arabes, leur histoire et leur idéologie sans vraiment évoquer l’Islam comme religion : c’est d’abord l’Islam comme histoire et comme pouvoir temporellement situé, comme culture ainsi que comme moralité qui l’intéresse. Laroui défend ainsi l’idée « de la comptabilité de la recherche historique avec l’islam », selon le mot de la critique Sonia Dayan-Herzbrun (9), tentant ainsi de repenser la culture arabe et islamique dans une universalité de la connaissance que Sonia Dayan-Herzbrun analyse comme étant une conséquence du complexe colonial qui mine encore le Maghreb et son histoire.
Entre temps, la reconnaissance d’Abdallah Laroui s’affirme avec la publication de son Histoire du Maghreb : un essai de synthèse (1982) par laquelle le philosophe et historien tente de construire une histoire du Maghreb contée de l’intérieure. Après un éclairant état des lieux de l’historiographie existante sur le Maghreb, où l’on constate que les histoires racontées sont principalement celles de Carthage, de Rome ou celles des colonisations espagnole ou française, Abdallah Laroui fait état des impasses dans lesquelles les ouvrages en question se sont trouvés coincés. En deux tomes, Abdallah Laroui propose une nouvelle lecture de l’histoire du Maghreb, ouvrant la voie à de nouvelles études sur la question, pour mieux comprendre « la profondeur, la genèse et l’anatomie du retard » de la région par rapport à l’Occident (10). Le Maroc, dont la construction du nationalisme avait été le sujet de sa thèse en 1977 (réédité en 2017 sous le titre Le Nationalisme marocain), est aussi le sujet de son Maroc et Hassan II : un témoignage, dans lequel il revient sur le règne du roi marocain Hassan II, dont il fut le conseiller entre 1960 et 1962.
Son dernier ouvrage en date, intitulé Philosophie et histoire (2016) qui traite de la dualité entre philosophie et histoire, l’une déterminant l’autre, la pensée naissant dans un contexte historique donné, et le contexte en question étant forgé par la pensée. Abdallah Laroui questionne par là la création des nouveaux modèles de sociétés.
Jean-Michel Vernochet, dans sa critique d’Islam et modernité, présente Abdallah Laroui comme « humaniste ; non point au sens moderne du terme si dévalué de nos jours mais dans l’acception du mot à l’époque de la Renaissance. Parler clair, idées concises au service d’une belle érudition » (11). C’est sans doute une description sur laquelle tous les critiques s’accordent et qui éclaire l’œuvre de cet historien marocain, encore actif aujourd’hui.
Essais francophones :
- L’idéologie arabe contemporaine, Paris, La Découverte, 1982 (1967).
- L’Histoire du Maghreb : un essai de synthèse, Librairie François Maspero, 1970.
- Les Origines sociales et culturelles du nationalisme marocain (1830-1912), thèse de doctorat, Paris, 1977.
- La Crise des intellectuels arabes : traditionalisme ou historicisme ?, Paris, La Découverte, 1978.
- Islam et modernité, Paris, La Découverte, 1986.
- Islam et histoire : essai d’épistémologie, Paris, Albin Michel, 1999.
- Le Maroc et Hassan II, un témoignage, Québec-Casablanca, Les Presses Interuniversitaires et Centre Culturel Arabe, 2005.
- Philosophie et histoire, Casablanca, éditions La Croisée des chemins, 2016.
Notes :
(1) Samir Abuzaid, « Professor Abdallah Laroui », Philosophers of the Arabs, en ligne. URL : http://www.arabphilosophers.com/English/philosophers/contemporary/contemporary-names/Abdallah%20Laroui/English_Article_Laroui/Abdallah_Laroui.htm
(2) Souad Mekkaoui, « Abdallah Laroui : icône de la pensée et du rationalisme marocains », Maroc diplomatique, 14/07/2016, en ligne. URL : http://maroc-diplomatique.net/abdallah-laroui-icone-de-pensee-rationalisme-marocains-2/
(3) “Abdallah Laroui” sur BiblioMonde, en ligne. URL : http://www.bibliomonde.com/auteur/abdallah-laroui-90.html
(4) Souad Mekkaoui, op. cit.
(5) Abdallah Laroui, Islam et modernité, 1986.
(6) Raymond Jamous, « Abdallah Laroui, Maxime Rodinson (Pref.), L’idéologie arabe contemporaine : essai critique, François Maspéro, 1967, Compte-rendu », L’homme et la société, vol. 5, n°1, Année 1967, p.218-220, disponible en ligne. URL : http://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1967_num_5_1_3095
(7) Publié en 1992 (Casablanca-Beyrouth).
(8) Voir Jacques Waardenburg, Islam : Historical, Social and Political Perspectives, éditions De Gruyter, Berlin, 2002, p.145.
(9) Sonia Dayan-Herzbrun, « Abdallah Laroui, Islam et histoire, compte-rendu », Annales. Histoire, Sciecnes Sociales, vol.57, n°1, Année 2002, pp.212-213, disponible en ligne. URL : http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_2002_num_57_1_280038_t1_0212_0000_1
(10) Abdallah Laroui, L’histoire du Maghreb : un essai de synthèse, La découverte/Maspéro, Paris, 1982, 390p. 
(11) Jean-Michel Vernochet, « Abdallah Laroui. Islam et modernité, compte-rendu », Politique étrangère, vol.52, n°2, Année 1987, p.509, disponible en ligne. URL : http://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1987_num_52_2_3682_t1_0509_0000_1

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