dimanche 17 février 2013

Michel Wuttmann, 1955-2013.

Η ζωή εδώ σταμάτησε για τον αυγυπτ(ι)ολόγο Michel Wuttmann στην Αίγυπτο, στις 10.2.2013. ερευνητής και δυνατός άνθρωπος. ας αναπαύεται εν ειρήνη.

Michel Wuttmann nous a quittés le 10 février 2013. Nous perdons un collègue et un ami qui a œuvré pour la science et pour l’Égypte durant près de trente années.
Michel est né le 6 juillet 1955, à Strasbourg, en Alsace. Après des études supérieures à l’Ecole de chimie de Nancy, il a obtenu son diplôme d’ingénieur chimiste, et aurait pu poursuivre, dans l’industrie, une carrière dorée, à l’abri du besoin. Il a préféré les chemins étroits de l’archéologie, une passion qui lui a permis d’allier sa haute formation de chimiste et son aisance dans les sciences dites « exactes » aux démarches moins assurées, mais tout aussi exigeantes des sciences humaines. Après avoir exercé l’archéologie chez lui, en Alsace, puis au Yémen et en Syrie, il a effectué son service militaire dans le cadre de la coopération, au centre d’étude franco-égyptien des temples de Karnak, puis a rejoint les chantiers de l’IFAO. C’est là, embauché comme restaurateur sur de petits contrats, qu’il a commencé à réaliser son rêve égyptien. Car au-delà du scientifique respecté, la dimension humaine de Michel lui venait aussi de cette innocence que les grands enfants gardent en eux et qui leur permet de soulever des montagnes. Unanimement reconnu dans sa spécialité – l’étude et la restauration des matériaux archéologiques – il a été recruté à l’IFAO, en 1992, sur un poste d’ingénieur de recherche et a créé le laboratoire de restauration et d’étude des matériaux, puis, en 2006, le laboratoire de datation radiocarbone, dont tout l’intérêt se conçoit aisément dans un pays où l’exportation d’échantillons archéologiques est strictement interdit par la législation. Commandité en 1996 par la direction de l’IFAO pour un travail de restauration majeur sur le temple de Douch, dans l’oasis de Kharga, Michel découvre alors, dans le paysage magique des grandes barkhanes, l’immensité des recherches qui restent à accomplir dans ces déserts qui ont su garder durant des millénaires les vestiges quasi intacts des populations qui s’y succédèrent en des temps plus cléments. Avec lucidité et une avance sur son temps, il entreprend un projet de longue haleine fondé sur l’étude d’un territoire dans une perspective diachronique – de la préhistoire à l’époque médiévale – et selon une problématique alors originale et aujourd’hui tellement actuelle : l’homme et l’eau ou l’adaptation des populations face à la détérioration de l’environnement. Il met alors en place un vaste programme de prospections systématiques, qui lui a permis d’explorer 1500 km2 des confins sud du bassin de Douch jusqu’au nord de la ville de Baris, et d’identifier un peu plus de 250 sites s’échelonnant du Paléolithique à l’époque médiévale. Des fouilles et des sondages ciblés ont contribué à la construction d’une chronologie, appuyée sur l’étude du matériel et des datations C14 effectuées dans « son » laboratoire de l’IFAO. Sur le site même de Douch, au pied du temple, il installe et développe une base archéologique qui accueillera les meilleurs spécialistes, archéologues, géologues, épigraphistes, botanistes, archéozoologues, et dont les recherches alimentent un SIG. A l’écoute de ses collaborateurs, Michel savait, par son jugement, orienter les démarches, abandonner les impasses, lancer de nouvelles pistes, s’associer et créer toujours de nouveaux réseaux. Homme de contact, il a ainsi tissé, avec une infinie modestie, des collaborations et des sympathies, dont témoignent aujourd’hui les messages reçus du monde entier. Parfaitement arabophone, il avait choisi de vivre dans ce pays qu’il aimait, et a su, toujours avec tact et courtoisie, entretenir avec ses collègues du service des antiquités une relation de confiance rarement atteinte. Son rôle dans la formation a été déterminant, envoyant son personnel en stage, en France, accueillant lui-même des stagiaires sur son chantier, épaulant de jeunes collègues égyptiens pour des travaux d’expertise.
L’IFAO, au rayonnement duquel il a grandement contribué, lui doit beaucoup.
C’est devant ce scientifique de qualité, ce chercheur visionnaire, cet organisateur hors pair, ce collègue discret et modeste, cet ami véritable, cet adulte aux rêves d’enfants, que nous nous inclinons tous avec respect aujourd’hui.

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